ILS EN ONT le pouvoir mais l’ignorent souvent. Et pourtant, ils peuvent « donner le bonheur d’être parents » à des couples recourant à l’assistance médicale à la procréation (AMP) avec tiers donneur, soit pour remédier à une infertilité (médicalement diagnostiquée), soit pour éviter la transmission d’une maladie génétique grave. Les donneuses d’ovocytes et les donneurs de sperme doivent être majeurs et en bonne santé, âgés de moins de 37 ans pour les premières et de moins de 45 ans pour les seconds.
La loi de bioéthique du 7 juillet 2011, qui a notamment maintenu les principes de l’anonymat et de la gratuité, a introduit la possibilité de donner même pour ceux et celles n’ayant pas eu d’enfant. En contrepartie, ces derniers doivent se voir proposer le recueil et la conservation d’une partie de leurs gamètes ou tissus germinaux en vue de la réalisation ultérieure, à leur bénéfice, d’une AMP. Le problème est que cette conservation « n’est pas organisée aujourd’hui dans les centres d’AMP », indique la directrice Emmanuelle Prada-Bordenave. « Le décret d’application est en cours d’élaboration », affirme-t-elle, sans autre précision temporelle. La campagne de promotion du don de gamètes lancée ce 4 novembre par l’Agence de la biomédecine se prive donc de ces donneurs potentiels : seuls sont concernés ceux qui, comme Agnès, ont déjà des enfants. « Trois raisons m’ont poussée à devenir donneuse, explique cette jeune femme, mère de trois enfants. Un, je suis déjà donneuse de sang ; deux, j’ai été sensibilisée par les médias et, trois, j’ai perdu moi-même trois enfants avant. »
Sans douleur.
Grâce à la loi de 2011, les donneuses bénéficient maintenant d’une autorisation d’absence de leur employeur pour effectuer les examens et se soumettre aux interventions nécessaires. Pendant la phase de stimulation des ovaires, qui dure de 10 à 12 jours, Agnès n’a pas ressenti de douleurs mais une gêne, « comme un début de grossesse ». Cette stimulation (injections sous-cutanées quotidiennes) sous surveillance permet d’aboutir à la maturation de plusieurs ovocytes. « Le prélèvement des ovocytes s’est fait sous anesthésie locale, très rapidement et sans douleur », confie Agnès, qui sait avoir donné dix ovocytes. Deux receveuses, au maximum, ont pu légalement bénéficier de ce don. Si Agnès espère avoir été utile à ces couples, elle ne tient pas à en savoir plus. « Il y a deux principes auxquels j’étais attachée et sans lesquels je n’aurais pas donné : l’anonymat et le fait que ce don n’était pas rémunéré. »
La technique de la vitrification ovocytaire, autorisée en 2011, devrait apporter plus de souplesse dans l’organisation du don marqué par une pénurie de l’offre. En 2009, 328 ponctions ont été réalisées, un chiffre en augmentation (265 en 2008) mais insuffisant au regard des 1 673 couples en attente à la fin de l’année, sans compter ceux partis à l’étranger, découragés par les délais d’attente. Selon l’Agence de la biomédecine, il aurait fallu 800 donneuses supplémentaires. Si la situation est plus sereine pour le nombre de dons de spermatozoïdes (400 donneurs en 2009 contre 285 en 2008), il est toutefois nécessaire de maintenir un niveau important de dons et d’accroître la diversité des profils des donneurs.
Conformément à ses missions, l’Agence de la biomédecine entend donc agir pour le développement et la promotion du don. Après une première campagne d’information en 2008, elle souhaite renforcer le recrutement des donneurs spontanés de concert avec les professionnels de santé, « relais incontournables » et à grand renfort d’affiches et de brochures.
En complément des sites www.dondovocytes.fr et www.dondespermatozoides.fr, un numéro Vert est à la disposition du public, le 0800.541.541.
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