Il faut éviter la consommation de boissons énergisantes en association avec l’alcool ou lors d`un exercice physique. C’est l’ANSES (Agence Nationale de sécurité alimentaire, de l’alimentation et du travail) qui le dit dans des recommandations rendues publiques mardi. Concernant en particulier la caféine contenue dans ces boisssons très en vogue, l’Agence ajoute qu’il convient d’être particulièrement attentifs chez certains consommateurs, comme les femmes enceintes (risque de retard de croissance du fœtus) ou allaitantes (passage de caféine dans le lait), les enfants et adolescents (troubles du sommeil, somnolence diurne...), les personnes atteints de maladies cardiovasculaires, d’épilepsie, d’insuffisance rénale ou de maladie hépatique. Etant donné les niveaux de consommation de ces boissons en France (près de 9 millions de Français de plus de 14 ans en consomment), l’ANSES conseille aux médecins d’intégrer désormais la notion de consommation de boissons énergisantes lors du recueil de l’information des patients et d’être vigilants face à des symptômes évocateurs (trouble paroxystiques de l’excitabilité cardiaque, poussée hypertensive, crises convulsives), voire demander une mesure de caféinémie si besoin.
Ces recommandations -qui suivent un précédent avis sur les poissons cet été- découlent d’une évaluation des risques liés à la consommation de ces boissons par l’Anses, qui a recensé une centaine de ce type de boissons sur le marché français. Elles contiennent quasi systématiquement de la caféine, mais aussi de la taurine, du glucuronolactone, des vitamines du groupe B, etc.
Accidents cardiaques et canalopathies
Plus de 200 cas d’effets secondaires avec la prise de ces boissons ont étés signalés à l’Anses (dont 12% imputables aux boissons énergisantes) : des arrêts cardiaques (8 dont 1 cas pour lequel l’imputabilité des boissons énergisantes est très vraisemblable), sensation d’oppression, douleurs thoraciques, tachycardie, hypertension, des effets psycho-comportementaux ou neurologiques (irritabilité, nervosité, anxiété, crises de panique, hallucination, épilepsie…). L’Anses indique que les accidents cardiaques graves signalés et ceux rapportés dans la littérature surviennent très vraisemblablement chez des sujets porteurs de canalopathies, des prédispositions génétiques fréquentes (un individu sur 1000) qui sont la plupart du temps asymptomatiques et généralement non diagnostiquées. Les autres effets rapportés correspondent à des effets indésirables couramment observés après une prise de caféine à forte dose. « Nous insistons donc sur le fait que ce ne sont pas tant les boissons énergisantes, mais leur mode de consommation qui sont à pointer du doigt », avance Marc Mortureux, DG de l’Anses.
Etiquetage spécifique fin 2014... avant une éventuelle taxe ?
Côté législation, les choses devraient prochainement évoluer, sans imposer toutefois de restrictions sur ces produits. En effet, fin 2014, un étiquetage spécifique pour les boissons à teneur supérieure à 150 mg/L en caféine sera obligatoire (à l'exception des boissons à base de café ou de thé). Il portera la mention « teneur élevée en caféine, déconseillé aux enfants et aux femmes enceintes ou allaitantes » suivie d'une référence à la teneur en caféine exprimée en mg pour 100 ml.
Les choses iront-elles plus loin ? Notamment, ce rapport pourra t il faire le lit d’une éventuelle taxe les boissons énergisantes ? C’est en tout cas la volonté de Gérard Bapt, rapporteur socialiste du budget de la Sécurité Sociale à l’Assemblée, qui avait déjà proposé l’an dernier un amendement en ce sens ( adopté puis censuré par le Conseil Constitutionnel). Toujours en pointe sur les questions de santé publique, le député s’appuie aujourd’hui sur le rapport de l’Anses afin de relancer l’idée d’une taxe sur les boissons énergisantes, dont la taxation est aujourd’hui similaire à celle d’un simple soda.
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