À Bordeaux, le faux médecin « gourou » condamné à quatre ans de prison ferme

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Publié le 07/11/2017
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Crédit photo : S. Toubon

La Cour d’appel de Bordeaux a confirmé ce mardi le jugement du tribunal correctionnel de Libourne et condamné Philippe Lamy à quatre ans de prison pour agressions sexuelles, abus de faiblesse et exercice illégal de la médecine.

« Gourou », « magnétiseur », « libertin », Philippe Lamy, 42 ans, s’est vu affubler de multiples sobriquets tout au long d’une carrière judiciaire bien fournie.

Déjà condamné pour avoir ouvert un club libertin dans le Médoc, sans toutes les autorisations nécessaires, il avait été reconnu coupable, en décembre 2012, d’exercice illégal de la médecine pour des activités de « magnétiseur » exercées à domicile et dans son club échangiste. Il proposait alors diverses pratiques accompagnées de la vente de « gélules magnétisées », en réalité des compléments alimentaires. Maitre Ilario, le pseudonyme sous lequel il « exerçait », avait alors écopé de 18 mois de prison dont 14 avec sursis.

Thérapies sexuelles

Il comparait à nouveau en octobre 2016 devant le tribunal correctionnel de Libourne pour agressions sexuelles, abus de faiblesse et exercice illégal de la médecine.

Cette fois sous le nom de Giovanni Florenzo, il aurait abusé de plusieurs jeunes femmes fragilisées par leur dépression ou un cancer, et tombées sous sa coupe. Il leur aurait fait arrêter leur traitement au profit de ses mystérieuses gélules soit-disant magnétisées, accompagnées de rapports sexuels censés renforcer les effets de sa « thérapie », le tout parfois agrémenté de sang de poulet et de discussions avec des ancêtres décédés.

Véritable « gourou » comme l’a nommé Me Daniel Picotin, avocat des victimes, Philippe Lamy a créé une situation de soumission, digne de pratiques sectaires : les plaignantes, souvent coupées de leur famille, se sont ainsi déclarées « piégées », « terrorisées ». Pour Philippe Lamy, qui a toujours nié son emprise, les rapports sexuels étaient consentis. Il aurait « satisfait les fantasmes de ses patientes » qui, aujourd’hui, « n’assument pas ».

Condamné à 5 ans de prison – dont un avec sursis – il avait fait appel. Rejugé par la cour d’appel de Bordeaux le 3 octobre, celle-ci a rendu son verdict ce mardi et confirmé le premier jugement, condamnant Philippe Lamy à quatre ans de prison, un suivi socio-judiciaire de cinq ans, une injonction de soins, l’interdiction d’entrer en relation avec les victimes et leur indemnisation au titre de préjudice moral. Le tribunal a également confirmé la révocation de son sursis précédent de 14 mois et son maintien en détention.

Peut-on soigner un gourou ?

« Je suis très satisfait pour les victimes, a souligné ce mardi Me Daniel Picotin, l’avocat des parties civiles. D’autant que dans ce type d’affaire, il est toujours difficile de prouver les abus de faiblesse et la mise sous emprise. Les victimes ont été reconnues, c’est important pour elles, cela prouve que ce n’était pas des affabulatrices. L’une d’elles a d’ailleurs failli mourir pour avoir arrêté son traitement médical. »

Quant au condamné, Me Picotin confirme. « C'est un gourou ! D’ailleurs, la Miviludes s’était déjà intéressée à lui quand il dirigeait son club échangiste. Il demeure dangereux, car il est toujours dans le déni et pourrait recommencer. Heureusement, avec le jugement d’aujourd’hui, la Gironde est tranquille pour quelques années. Quant à l’injonction de soins : peut-on soigner un gourou ? »

De notre correspondant Patrice Jayat

Source : lequotidiendumedecin.fr