« Un traitement d’IPP au long cours augmente le risque de cancer de l’estomac même après éradication thérapeutique d’H. Pylori », conclut un article venant de paraître dans Gut publié par le British Medical Journal. Ce n’est pas la première fois que ce type de médicament est pointé du doigt pour son effet cancérogène. En 2016, une méta-analyse avait montré une augmentation du risque du cancer de l’estomac chez les patients sous inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). Mais ces études incluaient des patients H. pylori + et H. pylori -.
Cette fois-ci les effets des IPP ont été analysés chez des patients qui avaient reçu une trithérapie éradiquant l’Helicobacter. « Même si l’éradication d’Helicobacter pylori réduit le risque de développer un cancer de l’estomac de 33 à 47%, une part importante de patients développent un cancer de l’estomac même après l’éradication d’H.pylori », indiquent en introduction les auteurs de l’étude publiée dans le BMJ.
Nombreux effets indésirables
En préambule de l’article, les auteurs ajoutent également : « Les inhibiteurs de la pompe à protons apparus dans les années 80, font partie des médicaments actuellement les plus prescrits dans le monde. Même si en général, ces médicaments sont considérés comme sûrs, de récentes données ont démontré différents effets indésirables liés à une consommation au long cours d’IPP, comme des fractures osseuses, des infections à Clostridium difficile, des pneumonies, des infarctus du myocarde et même des AVC. » Au niveau de l’estomac, ces médicaments pourraient favoriser ou aggraver une gastrite atrophique.
La base de données publique des médicaments du Ministère des solidarités et de la santé fait en particulier référence au risque fracturaire pour un traitement de plus d’un an, et au risque d’hypomagnésémies sévères pour des traitements prolongés.
Un risque multiplié par 2,4
Cette étude du BMJ a été effectuée en analysant des données provenant du Hong Kong Hospital Autority, entre 2003 et 2012, s’intéressant à des patients de plus de 18 ans, pris en charge pour leur infection à Helicobacter pylori. Parmi les 63 397 patients traités visant à éradiquer H. pylori, 153 ont développé un cancer de l’estomac. A l’analyse biopsique, tous les patients étaient H. pylori négatifs. Certains patients avaient un traitement par IPP au long cours. D'autres prenaient des antihistaminiques de type H2.
Ainsi, parmi les 3 271 patients sous IPP pour une durée moyenne de 2,7 ans, 19 (0,6%) ont développé un cancer de l’estomac. Au final, il s’avère qu’un traitement par IPP à long terme multiplie par 2,4 le risque de développer un cancer de l’estomac chez les patients infectés par H. pylori et traités par trithérapie. Ce risque de cancer gastrique augmente avec la posologie et la durée du traitement par IPP.
Les auteurs de l’article rappellent que les IPP stimulent la production de gastrine qui est puissant facteur de croissance, pouvant en particulier favoriser une hyperplasie des cellules entérochromaffine like.
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