En marge de l'élection du nouveau directeur général

Casse-tête budgétaire pour l'OMS

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Publié le 07/11/2016
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Lors du dialogue sur le financement 2016 qui s'est tenu lundi 31 octobre avec les pays membre, l'actuelle directrice générale, le Dr Margaret Chan, a pointé du doigt le risque de sous financement de plusieurs programmes de l'OMS pour la période 2016-2017.

En mai dernier, l'assemblée générale de la santé avait adopté un budget en hausse de 10 % pour les différents programmes de l'OMS. Malheureusement, les contributions volontaires des pays membres (environ 20 % du budget, le reste est assuré par les contributions fixes) n'ont pas suivi cette ambition et les différents programmes de l'OMS, intégralement financés par les contributions volontaires, pourraient en faire les frais.

« Le programme des urgences sanitaires est le plus en danger, cite en exemple Margaret Chan, puisqu'il dispose de seulement 56 % des 485 millions de dollars requis » (environ 437 millions d'euros). Ce programme tient à cœur à l'actuelle directrice générale qui y voit la réponse aux critiques formulées contre l'organisation dans sa gestion de la crise Ebola. L'OMS doit aussi composer avec la réduction programmée de 50 % en 2016, et de 15 % en 2017, des fonds attribués par l'ONUSIDA pour la lutte contre le VIH. En deux ans, le financement du programme de lutte contre le VIH sera donc réduit de 35 à 11,5 millions de dollars (soit de 31 à 10 millions d'euros), ce qui aura pour conséquence « la baisse de 50 % des effectifs employés dans les bureaux régionaux », prévient Margaret Chan.

76 % du financement proviennent de 20 pays

Le programme de réforme de l'OMS comprend un volet financement passant par l'assouplissement des budgets, une plus grande possibilité de basculement de fonds d'un programme à l'autre et un élargissement de la base de base de pays donateurs. Une idée qui a du mal à passer puisque les 20 plus gros bailleurs de fonds représentant encore 76 % des contributions volontaires en 2016, contre certes 80 % en 2013. L'OMS est par contre parvenue à réduire ses frais de fonctionnement, avec une baisse de 10 % en 6 ans des coûts en personnels revendiquée par Margaret Chan.

Plusieurs pays membres ont fait état de leurs remarques et de conditions nécessaires à l'augmentation de leurs participations. Le représentant des États-Unis, qui a annoncé une contribution supplémentaire 35 millions de dollars pour le programme d'urgence sanitaire, a ainsi « salué la mise en place d'un portail Internet pour tenir compte de l’avancée du financement des programmes, mais on aimerait y trouver plus d'information sur la redistribution des budgets. » La Chine, qui a augmenté de 54 % sa contribution volontaire depuis 2015 a appelé à une « meilleure répartition de l'effort financier ». Enfin, Monaco s'est fait la voix des « petits bailleurs », en réclamant « plus de visibilité et de transparence ».

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du médecin: 9532