E NTRE janvier 1997 et mars 1998, six patients hospitalisés à Madrid pour une leucémie aiguë non lymphocytaire ont présenté une infection invasive à Scedosporium prolificans, une infection fongique opportuniste résistante aux traitements habituels. Tous avaient reçu une chimiothérapie en chambre individuelle avec faux plafond dans le même service et avaient été placés en chambre d'isolement durant la phase neutropénique. Ces chambres n'étaient pas pourvues de filtres HEPA (High Efficiency Particulate Air) ou de système à flux laminaires qui sont recommandés pour éviter la dissémination des spores. Du fait de la multirésistance des germes (amphotéricine B, flucytosine, kétoconazole, fluconazole, itraconazole), tous les patients sont décédés.
Air ambiant : sol, lit, plafond
Pour trouver la source de contamination, des analyses phénotypiques et génotypiques ont été réalisées chez les patients et dans l'air ambiant des chambres d'isolation à trois niveaux (sol, lit, plafond). Les analyses aériennes ont été pratiquées à deux reprises. Dès que des spores étaient trouvés, l'analyse en PCR permettait d'en préciser la souche donc l'origine.
La recherche de S. prolificans s'est révélée positive dans l'air de deux chambres d'hématologie qui avaient été occupées par deux patients à des moments différents. Les spores étaient absents de tous les autres échantillons (air, poussière, eau du système d'air conditionné). La même souche, caractérisée par la présence du phage M13, était présente chez les six patients et les deux échantillons d'air. Toutes avaient un profil de résistance identique, confirmant l'origine commune.
Dès l'annonce de ce résultat, des mesures de vigilance accrues ont été demandées au personnel soignant, puis une ventilation à pression positive et des HEPA ont été installés dans les chambres d'isolation d'hématologie. Depuis 1998, plus aucun cas n'a été signalé.
Champignon opportuniste
S. prolificans est un champignon pathogène opportuniste qui peut donner occasionnellement des colonisation asymptomatiques, des infections localisées ou disséminées chez les immunodéprimés. Ce germe n'avait jamais été retrouvé dans les analyses microbiologiques de l'air destinées à évaluer le risque d'infections opportunistes. Il est possible que les méthodes d'analyses du moment qui n'utilisaient pas la centrifugation des particules, soient passées à côté des spores du fait d'un échantillonnage insuffisant.
Antonio Guerrero et coll, « The Lancet », vol. 357, 21 avril 2001.
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