A UTRE anniversaire : les six ans de Jacques Chirac à la présidence de la République. Il est plus juste de dire que le chef de l'Etat est à un an de la prochaine élection présidentielle. Son bilan est mitigé.
La dissolution de 1997 aura été une erreur monumentale : M. Chirac s'est appuyé sur des pronostics aussi sombres qu'erronés et sur des conseillers probablement incompétents. Il n'avait pas plus tôt perdu les élections anticipées que la France sortait du marasme, apportant à Lionel Jospin une croissance inespérée et les instruments de son succès.
En revanche, le président de la République a fait preuve de stoïcisme dans l'adversité et a tiré le meilleur profit de la cohabitation. Aujourd'hui, il est bien placé dans les sondages : moins populaire que le Premier ministre, il le battrait néanmoins à l'élection présidentielle, le rapport de forces entre les deux hommes s'étant inversé au cours de ces dernières semaines.
Bien entendu, cet avantage récent peut ne pas durer. Mais le chef du gouvernement est menacé, d'abord par son impatience, qui est visible, et par des rapports de plus en plus tendus avec les composantes de la majorité plurielle. Le président n'est pour rien dans les divisions de la gauche ; en revanche, il s'empare allègrement de quelques bons sujets de société, comme il vient de le faire pour l'environnement, dont son entourage a raison de dire qu'il est d'autant moins le monopole des Verts qu'ils ne le protègent pas efficacement quand ils sont au pouvoir. Ces jours-ci, les Français auront éprouvé le sentiment que le chef de l'Etat, prompt à déplorer les inondations ou le sort des agriculteurs, est plus proche d'eux que le Premier ministre. Mais enfin ces coups de commando contre les fléaux naturels ou contre l'ESB ne forment pas une politique. Lionel Jospin a le temps de convaincre les Français qu'il agit dans leur intérêt.
C'est pourquoi les articles qui fleurissent sur le prochain gouvernement de M. Chirac semblent quelque peu prématurés. Il n'a pas encore gagné. Et citer des noms pris dans la classe politique ou dans la société dite civile relève d'hypothèses d'autant moins vraisemblables que les dispositions de M. Chirac aujourd'hui peuvent changer dans les mois à venir. De même que la France est souvent engoncée dans son histoire (article ci-contre), de même elle a tendance à tirer des plans sur la comète. Comme si le présent n'avait aucune importance et que seuls comptaient le passé et l'avenir. Avant les deux échéances électorales de l'an prochain, nous avons à passer douze mois relativement difficiles, avec un ralentissement de la croissance que nous devons combattre au mieux de nos capacités. M. Jospin peut exciper l'an prochain de bons résultats économiques. Sinon, il court le risque d'être désavoué au profit de M. Chirac, pour autant que celui-ci échappe à ses démêlés judiciaires.
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