Puisqu’il faut bien chasser le cafard et qu’on ne peut pas toujours parler des Dardanelles, connaissez-vous cette histoire du conseil de révision qui s’est passée à Dijon il y a une vingtaine d’années.
Voici l’histoire (pour les hommes seulement).
On amène un jour, devant le conseil de la Côte-d’Or, un gaillard superbe, bien râblé mais aveugle, ou du moins se disant aveugle, complètement. Vous savez combien les simulateurs d’amblyopie totale sont parfois difficiles à dépister.
Le major, un vieux briscard d’Afrique, à qui « on ne le mettait pas aisément », fait en vain les épreuves classiques. Finalement, il demande au conseil de renvoyer ce cas épineux au lendemain et, pour le surplus, de lui donner carte blanche.
Le lendemain, on ramène l’aveugle, toujours en tenue de révision, c’est-à-dire « à poil », comme disait notre regretté Alphonse Allais.
« Fixe ! », commande le major. Et, sur un signe, entre une jolie fille, modèle à l’École des Beaux-Arts, toute proche. Silencieusement, toute souriante, bien en face de l’aveugle, elle quitte ses vêtements jusqu’au dernier.
O prodige ! Au fur et à mesure que tombent les derniers voiles de Phryné, on voit croître… l’émotion du conscrit, et on constate que, quoiqu’aveugle, il doit avoir une irrésistible vocation militaire, car il présente les armes au conseil, il les présente… comme un poilu !
Le vieux major riait dans sa barbe ; mais le plus joli, c’était l’attention palpitante du conseil, le prodigieux intérêt témoigné par ses membres (si j’ose m’exprimer ainsi) pour ce cas bizarre de simulation.
Pendant tout le reste de la session, l’intendant voyait partout des aveugles.
Inutile d’ajouter que l’aveugle râblé fut déclaré bon pour le service.
(Dr Billon, « La Chronique médicale », mars 1916)
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