Conseils pour la traversée de l'adolescence

Publié le 29/04/2001
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LA SANTE EN LIBRAIRIE

I L semble que l'adolescence, passionnante sans doute, mais difficile bien souvent, soit un terrain privilégié pour la multidisciplinarité, à l'œuvre notamment dans le « Dico-ado » concocté sous la direction du Dr Catherine Dolto (1). L'ensemble des auteurs pèse lourd en notoriété. On y compte d'abord des psys, pédopsychiatres, psychologues, psychiatres, psychanalystes, ce qui n'interdit pas à des auteurs de cumuler deux ou plusieurs de ces fonctions, ou d'ajouter à leur qualité de psychanalyste l'anthropologie ou l'ethnologie. Plus faible en nombre, le groupe des médecins compte tout de même un médecin de famille, deux gynécologues, un gynécologue-obstétricien, un anesthésiste, un spécialiste des toxicomanies, une nutritionniste. Il fallait enfin une kinésithérapeute et une juriste spécialiste du droit de la famille.

Si les thèmes retenus, comme le plan de la première partie de l'ouvrage, ne se distinguent guère d'autres guides de santé destinés à des personnes plus mûres, le ton et la présentation ont été sérieusement travaillés pour accrocher l'attention des « ados ». Dans « Dico-ado », on parle de fécondation ou de grossesse, de gènes ou de poumons, d'os ou de moelle épinière, d'émotions ou de voix, de sommeil ou des cinq sens, d'alimentation ou de digestion, de reins ou de système immunitaire, comme dans tant d'autres guides.
On y parle sans doute un peu plus de sexe et d'amour, d'anorexie ou de dépression, de drogues ou de violence. On donne, de toute façon, des explications fort claires et des conseils fort sages. Mais tous les chapitres restent fidèles au « ton très personnel » annoncé par Catherine Dolto en introduction, aux paragraphes brefs, aux gros titres, lisibles de loin, aux citations et aux photos grand format d'adolescents, et aux petits dessins humoristiques de couleurs très vives.
La seconde partie, consacrée aux « petits mots » et aux « grands mots du corps », et dépourvue d'illustrations, tend à orienter sainement les réactions des adolescents plongés dans « une situation difficile », en distinguant les actions qui reviennent à la gent soignante de celles qui sont de la responsabilité de tout un chacun.

Des liens déterminants

La prédominance des soucis psychologiques augmente encore quand les soignants s'adressent à des parents ou à d'autres soignants. Ainsi ont été rassemblés dans un livre les interventions et les échanges qui ont eu lieu lors d'une journée organisée par la revue « Enfances & Psy » et par la Fondation de France en décembre 1999 (2). Des spécialistes de l'adolescence, psy, sociologues, pédagogue, sous la direction des psychiatres Patrice Huerre et Laurent Renard, y évoquent la longue histoire familiale au cours de laquelle vont se tisser des liens déterminants pour le devenir de l'adolescent et croisent leurs savoirs et leurs pouvoirs d'intervention pour chercher comment limiter les difficultés des parents et des adolescents.
Des difficultés à la pathologie, la distance n'est pas toujours grande, à cet âge volontiers excessif. Mais désormais, c'est plutôt aux soignants, et plus particulièrement encore aux psys, que s'adressent les auteurs. Ainsi François Richard (3), professeur de psychopathologie clinique à Paris-VII, se demande si l'adolescence ne constituerait pas « un modèle pour reproblématiser l'ensemble de la psychopathologie à partir de la notion de subjectivation », centrale à cette période de la vie. Jean-Yves Hayez (4), psychiatre pour enfants et adolescents à Louvain, en Belgique, s'interroge, pour sa part, sur « la destructivité » dont peuvent faire preuve enfants et adolescents, ainsi que sur les modes d'accompagnement que l'on peut proposer aux auteurs de transgressions ou de destructions dangereuses.

Une science récente

La parution d'un gros dictionnaire de psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent (5), rédigé sous la direction de Didier Houzel, de Michèle Emmanuelli et de Françoise Moggio, témoigne de l'extraordinaire développement de cette « science récente » et « complexe au sens où Edgar Morin parle de pensée "complexe", qu'il distingue de "compliquée" ». Ce qui impose notamment aux rédacteurs d'un tel ouvrage de savoir trouver un « équilibre entre les grands courants » psychanalytique, organiciste et cognitiviste.
Et pour finir sur une note un peu moins austère, on peut noter que la beauté des adolescents est aussi un souci, non seulement pour eux, mais aussi pour une journaliste spécialisée en santé (6). Du visage aux orteils, et du maquillage au piercing, Marie-Françoise Padioleau guide les adolescents entre cosmétique, esthétique et médecine dans un petit livre plein d'illustrations.

(1) « Dico-ado, les mots de la vie », sous la direction du Dr Catherine Dolto, Gallimard Jeunesse Giboulées, 514 pages, 165 F (25,15 e).
(2) « Parents et Adolescents », sous la direction de Patrice Huerre et Laurent Renard, Editions Erès, coll. « Enfances & Psy », 168 pages, 95 F (14,48 e).
(3) « Le Processus de subjectivation à l'adolescence », de François Richard, Dunod, 256 pages, 170 F (25,92 e).
(4) « La Destructivité chez l'enfant et l'adolescent », de Jean-Yves Hayez, Dunod, 296 pages, 160 F (24,39 e).
(5) « Dictionnaire de psychopathologie de l'enfant », sous la direction de Didier Houzel, Michèle Emmanuelli, Françoise Moggio, Puf, 807 pages, 900 F (137,20 e).
(6) « Ados beauté », de Marie-Françoise Padioleau, Hachette Pratique, 64 pages, 34 F (5,18 e)

Dr Dominique BRILLAUD

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6908