On n’a prêté, cette année, qu’une attention médiocre au « Rapport sur les prix de vertu », lu devant l’Académie française par M. Denys Cochin. Ce document contient pourtant des vues nouvelles et qui s’imposent à l’attention des sociologues car l’auteur dudit rapport nie l’influence - souveraine suivant les médecins – de l’atavisme ancestral. Voici un aperçu de la thèse soutenue par M. Denys Cochin.
« Les prix de vertu nous montrent sans cesse des enfants sublimes, nés de parents ivrognes et débauchés. Il en est du génie comme de la vertu : ce ne sont pas des produits de sélection comme la vitesse chez les chevaux, l’odorat chez les chiens, le poids musculaire chez les bœufs. Le père de William Shakespeare était un petit gentilhomme campagnard ne connaissant d’autre joie que de galoper dans la plaine à la poursuite des lièvres.
Il y a des traditions d’honneur dans les familles, mais il n’y a point de tendances fatales. L’influence des aïeux agit sur les descendants comme le ferait un conseil qu’ils peuvent librement recevoir, ou repousser. Elle est présente à leur mémoire ; elle s’exerce sur leur esprit ; elle ne se transmet pas dans leur sang.
Atavisme, tendances ancestrales ! Si vous adoptez ces hypothèses, une puissance héréditaire et mystérieuse vous semblera provoquer et diriger toutes les résolutions d’un vivant. Un penchant sera substitué à la volonté, substitué à l’homme. Une part trop grande sera accordée à la fatalité, une part beaucoup trop étroite à la liberté.
Les grands spectacles que l’humanité nous offre aujourd’hui ne sont-ils pas contraires à ces doctrines fatalistes ? »
¶M. Cochin s’élève encore avec vivacité contre la notion de « dégénéré », qu’on accueille avec trop de facilité et sans un contrôle suffisant. Ainsi le prognathisme, que la médecine considère comme une tare, existait chez Dante !
(« Hygia », repris dans la « Chronique médicale », 1920)
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