Après une première évaluation début avril, MG France a publié dimanche les résultats d’une seconde enquête* sur la prise en charge du Covid-19 par les médecins de ville. D'après cette enquête, le nombre de personnes ayant consulté depuis mi-mars un médecin généraliste pour Covid-19 s’élevait ainsi, au 21 avril, à 1,8 million de Français. Début avril, ce chiffre était de 1,5 million. Entre les deux enquêtes, ce sont donc plus de 300 000 nouvelles consultations liées au coronavirus qui ont été effectuées par les praticiens de France et de Navarre, traduisant un ralentissement de l'épidémie consécutif à la mise en place du confinement.
Dans cette enquête, le syndicat présidé par le Dr Jacques Battistoni, avance que près de « 9 000 décès en ville en rapport avec le virus » sont intervenus depuis le début de l’épidémie. Lesquels ne sont pas pris en compte dans les chiffres fournis quotidiennement par le directeur général de la santé, le Pr Jérôme Salomon, qui ne concernent que les décès à l'hôpital et en EHPAD et en établissements médico-sociaux (22 856 morts, dimanche soir).
Des limites mais « un intéressant élément d’appréciation »
Toutefois, MG France indique que « ces estimations ont été réalisées en extrapolant département par département les réponses obtenues dans les 95 départements métropolitains » et reconnaît des « limites liées au caractère déclaratif des résultats reçus ». « L’estimation réalisée par MG France devra être confirmée par l’observation du surcroît de mortalité déclarée par rapport à la même période de 2019, écrit le syndicat. Elle n’en constitue pas moins un intéressant élément d’appréciation de l’épidémie actuelle. »
Quoi qu’il en soit, le syndicat du Dr Battistoni estime que les résultats de cette enquête « témoignent de l’importance de la prise en charge ambulatoire de l’infection à coronavirus » et plaide donc pour que la sortie du confinement s’appuie notamment sur les omnipraticiens. « Les médecins généralistes, échaudés par la tentative de vaccinations collectives en 2009 pour la grippe H1N1 ne comprendraient pas que le gouvernement refuse de reconnaître leur rôle de soignants de première ligne quand viendra l’heure du déconfinement », prévient MG France. Cette demande intervient alors que l'Ordre des médecins, le Collège de la médecine générale et la Fédération des médecins spécialistes (FSM) demandent aussi que la stratégie du déconfinement repose sur l'expertise des praticiens libéraux, avec notamment la création d'une consultation spécifique préalable à la sortie du confinement des patients fragiles (plus de 65 ans, en ALD...)
Le syndicat invite donc le gouvernement à retenir les propositions (traitement des clusters érigé en priorité absolue, prescription par le médecin traitant d'un diagnostic biologique par PCR chez tout patient symptomatique…) qu’il a formulées dans une tribune parue dimanche dans le JDD, cosignée par la présidente du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux et par le président du Syndicat des biologistes.
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