Le 1er salon européen de l’ostéopathie

Crise de croissance

Publié le 10/05/2011
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LE PREMIER SALON européen de l’ostéopathie, qui s’est tenu à Paris, a permis de mesurer le développement de cette discipline depuis sa reconnaissance officielle en 2002 : la France compte aujourd’hui quelque 15 000 ostéopathes, qui traitent 7,5 millions de personnes par an, soit un marché de 400 millions d’euros. Cette croissance rapide ne va pas sans poser de problèmes.

L’ostéopathie regroupe deux grandes catégories de professionnels : les ostéopathes exclusifs (OE), qui représentent un peu plus de la moitié des praticiens, et les masseurs-kinésithérapeutes ostéopathes (MKO), environ 40 %. Les médecins ostéopathes viennent loin derrière (9 %). Les OE sont souvent des femmes jeunes (30 ans en moyenne) qui ont suivi une formation à temps plein après le bac. Ils exercent fréquemment en groupe (pour mutualiser les coûts), un tiers ayant une activité complémentaire (clinique, entreprise, médecine sportive). Les MKO sont majoritairement des hommes (de 40 ans en moyenne) qui ont suivi des formations à temps partiel pour compléter leurs activités. Vingt pour cent seulement exercent une activité ostéopathique en dehors de leur cabinet.

Disparités démographiques.

Deux autres grands facteurs d’hétérogénéité apparaissent : le niveau d’activité des praticiens et les disparités démographiques, sachant que 70 % des OE exercent dans des villes de 20 000 à 100 000 habitants. Trois grands niveaux d’activité se dessinent : moins de 50 consultations par mois et/ou de 40 000 euros de revenus annuels ; entre 50 et 75 consultations par mois et/ou entre 40 et 80 000 euros par an ; plus de 100 consultations par mois et/ou plus de 80 000 euros par an. Globalement 39 % des OE et 80 % des MKO ne peuvent subvenir à leurs besoins du fait du seul exercice de l’ostéopathie. Il se dessine par ailleurs une tendance vers les niveaux d’activité faibles ou, au contraire, élevés.

Surtout, la croissance rapide du nombre d’ostéopathes s’est effectuée de façon très inégale sur le territoire français, toutes les régions du Sud, la Bretagne, l’Ile de France et la Région Rhône-Alpes étant arrivées à saturation. Pourtant quand on analyse les départements où l’on s’installe encore le plus, ils sont situés dans ces régions, le Rhône, les Alpes-Maritimes et les Hauts-de-Seine arrivant en tête. A contrario, la Picardie et la Lorraine comptent un ostéopathe pour plus de 10 000 habitants et peuvent accueillir de nouveaux arrivants… qui n’arrivent pas. Autant de données qui alimentent l’inquiétude des ostéopathes face à la montée d’une concurrence très rapide et qui peut générer des pratiques commerciales peu éthiques.

 Dr ALAIN MARIÉ

Source : Le Quotidien du Médecin: 8959