Si « Le Généraliste » était paru en décembre 1915

De l'absurdité d'enrôler des inaptes…

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Publié le 06/12/2015
histoire

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On s’est plaint à maintes reprises que l’on conserve dans les dépôts des non-valeurs qui ne font que grever le budget, sans profit aucun au point de vue militaire. Sans doute nos conseils de réforme se montrent-ils soucieux de n’admettre que des hommes parfaitement valides ; l’on comprend bien, d’autre part, que ceux qui ont la lourde responsabilité d’assurer le recrutement, appréhendant d’être accusés de favoritisme aient à cœur de se conformer aux sévères instructions qu’ils ont reçues.

Napoléon, en présence des infirmes qu’on lui présentait, s’en prenait, lui, aux généraux commandant les conseils de recrutement. Il prescrivait qu’une circulaire leur fit sentir « le préjudice qu’éprouve l’État des conscrits malingres et inhabiles au service militaire qu’ils envoient. Un grand nombre est invalide et ruine le trésor public sans avantage ». Puis il mandait à Lacuée, directeur de la conscription :

« Il n’y a pas de régiment que je n’aie vu qui n’ait reçu une centaine de conscrits boiteux, malingres et tout à fait inhabiles au service. Depuis leur arrivée au corps, ils sont au dépôt à nos frais, en pure perte, usent leurs habits et coûtent beaucoup d’argent. On se plaint des conseils de recrutement. On dit que le préfet influence le général et que le capitaine de recrutement (envoyé par le corps) n’a aucune autorité. Il faudrait rendre responsable l’officier commandant le département qui envoie des hommes malingres. Toutes les fois qu’il y en aurait, le capitaine de recrutement serait tenu de le lui faire connaître par écrit et, s’il persistait à les faire partir, on lui ferait supporter les frais du voyage. »

Voilà qui était bien ; mais le remède était-il suffisant pour faire disparaître le mal ?

(Chronique médicale, décembre 1915)


Source : lequotidiendumedecin.fr