En dévoilant mardi le très attendu plan de déconfinement dont la mise en œuvre est prévue à partir du 11 mai, Édouard Philippe a dit qu'il comptait sur les médecins généralistes. Afin de contenir une éventuelle deuxième vague épidémique, le Premier ministre souhaite en effet s'appuyer sur les médecins de famille et les infirmières libérales afin « d'assurer le travail d'identification et de test de tous ceux, symptomatiques ou non, qui auront été en contact avec des personnes testées positives ». Les organisations de médecins libéraux, qui ne cessent de faire valoir leur rôle, en première ligne, dans la prise en charge des patients atteints de Covid-19 depuis le début de l'épidémie, sont prêtes à assumer cette responsabilité, mais pas sans moyens et sans protection.
Une responsabilité « logique »
« Ce rôle est logique, tant il aurait été incompréhensible de se passer de ce tissu professionnel que tous les patients connaissent et à qui ils accordent une grande confiance », a réagi MG France dans un communiqué. Le syndicat du Dr Jacques Battistoni regrette toutefois que ce « rôle de première ligne n'ait pas été considéré par le gouvernement dès les premiers stades de l'épidémie ». Depuis l'apparition des premiers cas de coronavirus en France, fin janvier, les médecins libéraux déplorent en effet à l'unisson le manque de reconnaissance des pouvoirs publics, tenant peu compte de leur action et de la prise en charge ambulatoire. L'illustration la plus flagrante de ce manque de considération est symbolisée, selon eux, par le manque de protections (masques, surblouses…) mis à disposition par le gouvernement en ville.
« Alors que le Premier ministre a reconnu la pénurie initiale en masques qu'il a jugé nécessaire de réserver aux "soignants", cette absence de reconnaissance et d'équipements de protection, a conduit ces professionnels à s'exposer et à exposer leurs patients et leur famille au risque de contamination », déplore MG France.
Tester et identifier les cas contacts mais avec des masques
Le Syndicat des médecins libéraux (SML), pose aussi des conditions au bon déroulement du déconfinement. Afin d'assurer ce rôle de première ligne dans le dépistage et le suivi des cas contacts demandé par le gouvernement, le SML estime que l'État doit donner aux médecins libéraux les moyens de reprendre leur activité, largement ralentie depuis le début du confinement : « La mise à disposition de masques chirurgicaux, gel hydroalcoolique, surblouses, gants, charlottes, lunettes de protection et visières constitue un préalable incontournable pour la relance des activités médicales en ville. De la même manière, les médecins libéraux et leurs collaborateurs devront pouvoir accéder aux tests et au dépistage de manière prioritaire. »
La protection des médecins généralistes est aussi une priorité du déconfinement selon le patron de la Fédération des médecins de France (FMF), le Dr Jean-Paul Hamon, qui a réagi au micro de "C dans l'air" sur France 5 mardi soir. Ce dernier déplore que le Premier ministre ait une nouvelle fois affirmé qu'il fallait réserver les masques au personnel hospitalier. « Nous n'avons toujours pas entendu le mot libéral dans sa bouche », regrette le Dr Hamon, pourtant persuadé d'une chose : « Nous (les médecins généralistes ndlr) pouvons gérer la crise et contenir l'épidémie mais avec de vraies protections, des masques et des tests fiables. »
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