Dépakine : pas un « scandale » pour l'Académie mais des « accidents médicaux non fautifs »

Publié le 17/11/2016

L'Académie nationale de médecine a rendu publique une mise au point sur les accidents liés à la prescription de Dépakine chez les femmes enceintes épileptiques où le Pr Claude Huriet met en garde contre l'utilisation du terme scandale, lui préférant la notion de « drames ».

Cet avis survient après le vote à l'Assemblée d'un amendement en faveur de la mise en place d'un fonds d'indemnisation des victimes.

À propos de ces malformations fœtales survenant chez des enfants dont la mère a été traitée par Dépakine, le Pr Huriet conteste la notion de scandale qui, explique-t-il, se réfère à la « survenue d’un événement du fait de pratiques contraires à la morale, qui suscitent l’émotion et l’indignation ». « Ce n'est pas le cas de la Dépakine et les attaques habituelles, contre les laboratoires pharmaceutiques, les médecins prescripteurs… et les pouvoirs publics ne sont pas fondées », affirme-t-il.

Car, poursuit-il, « la Dépakine est un médicament très efficace qui est parfois le seul à pouvoir maîtriser les formes graves de la maladie, sans alternative thérapeutique » et de rappeler que « les représentants des victimes ne réclament pas (son) interdiction ».

La gravité d'une épilepsie tient précisément « à la possible survenue d’une mort fœtale si la maladie est insuffisamment traitée », souligne-t-il.

Pour le Pr Huriet, « il est de la responsabilité du médecin, et cette responsabilité est la plus lourde qui soit, d’apprécier, face à des situations individuelles, le bénéfice que l’on peut attendre d’un geste thérapeutique ainsi que les inconvénients, voire les risques du traitement ».

Selon lui, il s'agit d'un « accident médical non fautif ». Quant au défaut d'information évoquée, il s'interroge : « Comment "éclairer le consentement d’une femme enceinte" présentant une épilepsie sévère en lui donnant le choix entre l’arrêt d’un traitement nécessaire et celui de l’interruption d'une grossesse en raison du risque de troubles graves du développement fœtal ? »

Dr L. A.

Source : lequotidiendumedecin.fr