Les patients dépendants à l’alcool ne se sentent pas assez pris en charge, selon le sondage miroir commandé à Opinion Way par le laboratoire Lundbeck, et mené auprès de 91 médecins généralistes d’une part, et sur 1 940 personnes non-médecin d’autre part, dont 532 ont ou ont eu un problème avec l’alcool.
Selon cette enquête, 85 % des buveurs actuels déclarent ne bénéficier d’aucun accompagnement et seuls 3 % d’entre eux se sont vu prescrire un médicament.
Un sujet tabou pour 60 % des médecins
Parmi les personnes qui ont souffert de dépendance à l’alcool dans le passé, 77 % n’ont bénéficié d’aucun accompagnement, et seuls 5 % se sont vu prescrire un médicament. Le sondage révèle cependant que la dépendance à l’alcool est désormais bien considérée comme une pathologie : 89 % des patients estiment en effet qu’il s’agit d’une « vraie maladie », même si 74 % d’entre eux déplorent un manque d’information sur le sujet. L’alcool reste pourtant un sujet tabou pour 60 % des médecins généralistes interrogés, tandis que 80 % des patients pensent qu’il n’est pas du tout possible d’en parler avec son médecin. La conséquence de ce dialogue difficile est que seulement 15 % des patients actuels et 16 % des patients anciennement concernés se sont adressés à un médecin généraliste. De plus, 44 % des patients dépendant à l’alcool ont affirmé avoir attendu entre 2 et 5 ans avant de solliciter de l’aide. La plupart d’entre eux ne l’ont fait que lorsque la consommation d’alcool commençait à avoir un retentissement sur leur vie quotidienne ou leur santé.
25 000 à 30 000 prescriptions de nalméfène
Le laboratoire Lundbeck a également donné les premières estimations de la dispensation de son médicament, le Selincro (nalméfène), disponible depuis septembre. « Nous ne disposons pas encore de chiffres très précis, explique Nicolas Giraud, directeur général de Lundbeck France, mais nous savons qu’une prescription de Selincro a été faite à entre 25 000 et 30 000 patients, en majorité par des spécialistes. Nous savons aussi que les patients qui prennent du Selincro consommaient en moyenne 10 verres par jour avec plus de 22 épisodes de consommation aiguë par mois. »
Selon une évaluation de la HAS, environ 280 000 patients entrent dans les indications de prescription du nalméfène : une dépendance à l’alcool avec une consommation de plus de 6 verres par jour qu’ils ne parviennent pas à réduire.
Une évaluation est actuellement en cours sur plus de 1 000 patients prenant du Selincro, menée par Lundbeck et la HAS, afin de confirmer que l’efficacité observée lors des essais cliniques se vérifie « dans la vie réelle » au bout d’un an de suivi.
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