Constipation terminale

Des mesures pour éviter les complications

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Publié le 03/03/2016
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pois chiche

pois chiche
Crédit photo : PHANIE

Les experts, consensuellement, définissent une défécation normale comme l’émission de 3 selles par jour, et jusqu’à une selle tous les trois jours. Reste à tenir compte du ressenti des femmes qui peuvent se sentir constipées alors même qu’elles entrent dans ce cadre, soit parce que la progression colique est laborieuse, soit parce que l’exonération est difficile, « une dichotomie théorique », observe le Dr Laurent Abramowitz, gastro-entérologue, proctologue à Paris et président du Groupe de recherche en proctologie (GREP).

Cette dyskinésie, reflet d’une constipation terminale, peut être due à un anisme (quand l’anus se contracte au moment de la défécation), que l’on attribue dans 30 % des cas à des violences sexuelles au sens large (paroles déplacées comprises). Le traitement repose ici sur la rééducation par biofeedback par un rééducateur pour une prise de conscience de cette contraction à contretemps. Autre cause féminine de constipation terminale, une rectocèle (à ne pas confondre avec un prolapsus rectal), quand le rectum, plus ou moins rempli de matières bombe dans le vagin, ce qui est le cas de plus de 50 % des femmes après 70 ans… sans que cela provoque d’ailleurs systématiquement de constipation terminale : exonération incomplète ou en plusieurs fois, fortes et/ou longues poussées nécessaires, obligeant parfois à mettre les doigts dans le vagin pour remettre les matières dans l’axe de l’anus. « Un effet secondaire d’une constipation terminale peut être une fausse diarrhée, débâcle de matières sous la pression ou fuites autour du bouchon, pour laquelle les antidiarrhéiques sont bien sûr inadaptés », prévient le Dr Abramowitz.

Accélérer le transit et faciliter l’exonération

Autre motif de particulière vigilance, les constipations aiguës dont il faut traquer les causes (dysglycémie, hypothyroïdie, dyskaliémie, etc.), et un cancer en particulier, sur des signes associés, un bilan biologique (ionogramme, TSH, glycémie, NFS et CRP) et la coloscopie, indiquée après 50 ans, en cas de saignements et d’antécédents digestifs personnels ou familiaux. Pour accélérer le transit et faciliter l’exonération, des fibres essentiellement, que l’on trouve, contrairement à une idée reçue, plus volontiers dans les légumes secs (pois chiches, pois cassés, etc.), 15 à 25 g/100 g, plutôt que dans les légumes verts, 2 à 5 g/100 g. Manger régulièrement des fibres (fruits et légumes secs, farine complète, etc.) en quantité variable selon les individus, suffit à régler 80 % des constipations. Si cela ne fonctionne pas (après 8 jours au moins, le temps que le transit « reprenne ses marques »), on peut y ajouter des fibres synthétiques, des mucilages, un sachet matin et soir : non absorbés par la muqueuse intestinale, ils sont tous équivalents. Troisième palier, les laxatifs osmotiques, sucrés (qui ballonnent davantage) ou salés, dose-dépendants, qui peuvent être pris à vie. « Les échecs sont exceptionnels », note-t-il. Pour compléter, si la qualité de l’évacuation les rend nécessaires, des « exonérateurs », suppositoires d’Eductyl à « effet chasse d’eau », suppositoires glycérinés (pour dissoudre les matières), microlavement (Microlax ou, sur un anus vieillissant « incontinent », Peristeen, doté d’une base qui gonfle, fermant ainsi partiellement l’anus). Traiter une constipation permet aussi d’en éviter les complications, descente d’organes, prolapsus rectal, hémorroïdaires, fissures anales, incontinence. « En cas d’échec de la prise en charge, mieux vaut s’adresser à un spécialiste proctologue/périnéologue », conseille-t-il.

Dr Brigitte Blond

Source : Le Quotidien du médecin: 9476