Hantise des médecins, mais aussi « tabou » marqué par la honte, l’erreur médicale peut être aussi destructrice pour le médecin qui la commet que pour le patient qui est victime.
Depuis 2012, le Département de Médecine générale organise, trois fois par an, des journées pour aider les étudiants ayant commis une erreur, grave ou bénigne, à analyser et dédramatiser leur geste… pour mieux sécuriser leur démarche professionnelle future. Les étudiants sont formés dans l’idée que l’erreur est impossible, et surtout inadmissible, si bien que personne n’en parle : l’étudiant fautif est donc laissé seul face à lui-même, constate le Dr Jean-Luc Gries, l’un des trois généralistes responsables de ces journées. « Nous voyons arrivés des internes désespérés et culpabilisés, prêts à faire une croix sur leur carrière médicale, et le simple fait de leur permettre de parler les aide à comprendre ce qui s’est passé et à restaurer leur propre image d’eux-mêmes », explique-t-il. Ces journées doivent permettre de lutter contre « l’omerta de l’erreur » tout en rappelant que les erreurs individuelles s’inscrivent souvent dans le cadre d’une défaillance plus large de toute une équipe. Une compréhension de l’erreur permet d’en éviter le renouvellement et d’améliorer l’ensemble des pratiques.
Les médecins doivent aussi savoir échanger et communiquer sur ce thème difficile. Toutefois, observe le Dr Gries, les erreurs commises par les jeunes médecins lors des stages en cabinet sont encore plus difficiles à confesser et à dépasser que celles commises à l’hôpital. Quelques autres facultés de médecine, comme celle de Paris Est- Créteil, veulent elles aussi substituer à la « culture de la honte et du silence » une « culture positive de l’erreur ». Le philosophe Roberto Poma y est chargé, dès la PACES, de sensibiliser les étudiants aux dangers de « l’idole du risque zéro », et les invite à « accepter la possibilité de se tromper. C’est en reconnaissant la réalité de l’erreur qu’on avance, et non en ayant le culte de son éradication », conclut-il.
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