L E nombre de cancers liés à l'amiante est deux fois plus élevé que prévu, avec au moins 3 500 nouveaux cas en 1998, selon une enquête publiée dans l'hebdomadaire « le Point ». Le magazine est parvenu à établir ce chiffre après avoir analysé des bases de données hospitalières publiques et privées de l'année 1998.
On dénombre ainsi 1 366 cas de mésothéliome en 1998. Auxquels il faut ajouter les cancers des poumons que les épidémiologistes estiment être 1,5 fois plus nombreux que les mésothéliomes. En 1996, un rapport d'experts, réunis par l'INSERM, a dressé un constat accablant sur les effets de l'amiante, matériau isolant et anti-incendie. Il estimait à au moins 2 000 le nombre de morts par amiante cette année-là.
Dans une interview accordée au « Point », le Pr Marcel Golberg, épidémiologiste, rapporteur de l'expertise de l'INSERM et aujourd'hui chargé du programme de surveillance des mésothéliomes à l'Institut de veille sanitaire (InVS), se déclare « inquiet pour les travailleurs qui procèdent au déflocage des immeubles contenant de l'amiante, ainsi que pour ceux qui se trouvent aux environs des chantiers ». Selon lui, « il faut que le déflocage soit réalisé dans des conditions draconiennes ».
« Si seulement les mesures de prévention du risque amiante étaient aussi rapides et draconiennes que pour la vache folle et la fièvre aphteuse », lance l'Association nationale de défense des victimes de l'amiante (ANDEVA) dans un communiqué. Quand le comité anti-amiante Jussieu réclame « une véritable politique de prévention du risque », l'ANDEVA rappelle que la publication du décret, « attendu depuis un an et demi » sur le repérage, la gestion du risque et le traitement des bâtiments contenant de l'amiante, « n'est toujours pas publié ». L'ANDEVA ajoute que « des affaires récentes de chantiers de déflocage, menés en dépit du bon sens, avec les conséquences que l'on peut déplorer en matière de contamination des travailleurs et de l'environnement, démontrent là aussi la passivité des pouvoirs publics ». « Il est impératif, conclut l'association, que le gouvernement se dote de moyens de contrôles et de surveillance de ces chantiers, à la hauteur des enjeux de santé publique qu'ils représentent. »
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