Tériflunomide et l’alemtuzumab

Deux nouvelles molécules prometteuses dans la SEP

Publié le 12/06/2012
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LE TÉRIFLUNOMIDE et l’alemtuzumab ont fait l’objet d’études de phase III dans le traitement de fond de la sclérose en plaques (SEP) récurrente-rémittente, dont les résultats très encourageants ont été présentés au dernier congrès de l’Académie américaine de neurologie.

Dans l’étude TEMSO, en double aveugle contre placebo, le tériflunomide en une prise quotidienne per os a entraîné une réduction de la fréquence des poussées (30 %) et du risque de progression du handicap chez les patients atteints de SEP récurrente-rémittente (1). Des données complémentaires apportées par les analyses post-hoc ont indiqué récemment que le tériflunomide diminue aussi de façon significative la sévérité des poussées (- 36 % à la dose de 7 mg [p = 0,015] et - 59 % à 14 mg [p ‹ 0,0001]). Les patients ont également présenté moins de séquelles après les poussées (score EDSS, Expanded disability status scale). Avec huit années de recul, le profil de tolérance reste bon, aucun des effets indésirables enregistrés n’ayant entraîné d’arrêt de traitement.

L’alemtuzumab est un anticorps monoclonal humanisé qui induit une déplétion lymphocytaire transitoire T et B, suivie d’une repopulation dont on pense qu’elle pourrait rééquilibrer le système immunitaire et réduire l’activité de la maladie. Une étude randomisée de phase III, CARE-MS II, a comparé un traitement par alemtuzumab à 12 mg par jour (une injection intraveineuse pendant cinq jours suivi d’une seconde injection pendant trois jours un an après) à un traitement par interféron bêta-1a (IFNß-1a) en injection sous-cutanée (44 µg) trois fois par semaine sur une durée d’observation de deux ans chez des patients ayant présenté une rechute lors d’un traitement précédent.

Réduction du handicap.

Les résultats montrent une réduction de 49 % du taux de poussées chez les patients traités par alemtuzumab par rapport aux patients traités par IFNß-1a (p ‹ 0,0001), ainsi qu’une augmentation du nombre de patients n’ayant pas présenté de poussée durant l’étude (65 % vs 47 %, p ‹ 0,0001). Un retard significatif d’aggravation du handicap à six mois (score EDSS) a également été observé. Les données d’imagerie (IRM) ont confirmé les résultats cliniques, avec moins de patients présentant de nouvelles lésions et une moindre progression de l’atrophie cérébrale sur la durée de l’étude.

Les événements indésirables les plus fréquents étaient des réactions à la perfusion (légères à modérées) dans les deux groupes. Infections et dysfonctionnements auto-immuns (thyroïdites, purpuras thrombopéniques) ont été plus fréquents dans le groupe alemtuzumab. Tous ont répondu favorablement aux traitements conventionnels.

Les dossiers d’enregistrement de ces deux molécules ont été soumis à l’Agence européenne des médicaments. Elles devraient sous peu venir enrichir l’offre thérapeutique pour les malades ne répondant pas de façon satisfaisante à leur traitement.

Conférence de presse Genzyme, avec la participation des Prs Christian Confavreux (hôpital Pierre Wertheimer, Lyon) et Pierre Clavelelou (CHU de Clermont-Ferrand).

(1) O’Connor P et al. N Engl J Med 2011 ; 365 : 1293-303.

 AGNÈS LARA

Source : Le Quotidien du Médecin: 9140