Edition spéciale Psychiatres

Editorial - Le pourquoi du désamour

Publié le 05/12/2013
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Les choix de filière après le concours de l’Examen Classement National (ECN) à la fin des études de médecine ne placent pas la psychiatrie en bonne position : tout juste mieux que la médecine générale, la santé publique ou la biologie.

Il est vrai qu’il existe des activités médicales plus lucratives. On aurait tort de se satisfaire de cette explication. Dans le même temps, le choix d’une carrière de psychiatre des hôpitaux ne fait plus recette auprès des jeunes médecins nationaux.

Que se passe-t-il donc, alors que les progrès des connaissances cliniques et thérapeutiques, physiopathologiques et psychopathologiques s’avèrent particulièrement stimulants pour notre spécialité ?

La persistance de la stigmatisation dont la maladie mentale est l’objet dans une large partie du grand public, peut être un facteur détournant les jeunes médecins de cette médecine. Le travail à l’hôpital ne laisse plus beaucoup de place à la créativité médicale, placée sous le joug des contraintes budgétaires dont les équipes administratives (souvent pléthoriques) font outil de pouvoir sur les équipes soignantes : ceci repousse les jeunes médecins.

La psychiatrie compte de multiples atouts comme en témoigne le contenu de ce numéro du Quotidien du Médecin : importance des enjeux sanitaires et économiques du fait du niveau de morbidité des troubles psychiques et comportementaux, diversité des aspects cliniques et des outils thérapeutiques, perspectives ouvertes par des avancées de la recherche… La communauté des psychiatres et soignants en psychiatrie a le devoir d’agir pour que ceux, nombreux, qui en ont besoin trouvent, à l’hôpital ou en libéral, des psychiatres et des soignants non-médecins heureux d’exercer leur si beau métier. Agir signifie mieux informer la population et les usagers, agir signifie identifier nous-mêmes les modalités de réponse aux contraintes économiques en redonnant toute leur dignité aux actions de soins.

Académie Nationale de Médecine

Hôpital Sainte-Anne, Paris

 Professeur J.-P. OLIÉ

Source : Bilan spécialistes