Éditorial

Épilogue ?

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Publié le 12/04/2018
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C’est une histoire bien triste, sur laquelle tout a été dit depuis presque 10 ans et qui a épuisé tous les acteurs, la famille, les soignants, les médias, les tribunaux et sans doute fait souffrir le principal intéressé, Vincent Lambert, tétraplégique en état végétatif. Dans cette affaire, la médecine a repris la main en début de semaine : le Dr Vincent Sanchez, troisième médecin au chevet du quadragénaire, se prononçant pour un arrêt des traitements. Il faut s’en féliciter et souhaiter un épilogue serein à Reims. Car, on ne le dira jamais assez, il s’agit d’un dossier hors normes, des milliers de cas douloureux similaires se soldant chaque année sans conflit dans le pays. Et pour cause : la législation actuelle offre une réponse à la plupart de ces situations, introduisant des notions relativement nouvelles en droit français comme le refus de l’acharnement thérapeutique, les directives anticipées ou la sédation terminale. Néanmoins, l’affaire Lambert a tellement rythmé les discussions sur la fin de vie ces dernières années qu’on a du mal à s’en défaire. Sûrement, parce que la justice et la presse (et jusqu’à l’ancien président) s’en sont mêlées. Peut-être aussi parce qu’elle réunit symboliquement tous les protagonistes du dossier, avec des parents dans la mouvance catholique intégriste et un neveu soutenu par les activistes de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité. Alors que la question du droit à l’euthanasie refait surface à la faveur des Etats généraux de la bioéthique et est débattue jusqu’au sein du parti présidentiel, souhaitons en tout cas que la sérénité et la transparence prévalent. Pour que, quelle que soit la solution retenue, le débat d’idées l’emporte sur la caricature.

Jean Paillard

Source : Le Quotidien du médecin: 9656