CONGRES HEBDO
D ES études antérieures de préventions secondaire (étude HERS : Heart and Estrogen/Progestin Replacement Study) et primaire (WHI) avaient démontré que le traitement hormonal substitutif (THS) participait à la réduction du taux de cholestérol mais ne prévenait pas, voire pouvait même augmenter au cours de la première année de traitement, le risque cardio-vasculaire des femmes ménopausées.
Toutefois, l'étude MORE (Multiple Outcomes of Raloxifene Evaluation), multicentrique, 180 sites répartis dans 80 pays, en double aveugle, placebo versus raloxifène, menée sur trois ans et présentée par le Dr Elisabeth Barrett-Connor (université de Californie, San Diego) apporte peut-être un bémol aux résultats obtenus dans les autres études et ouvre, selon les auteurs, de nouvelles perspectives dans la prévention de la maladie cardiaque chez les femmes ménopausées ostéoporotiques.
Pas de modification du nombre d'événements cliniques
Ce large essai a permis d'évaluer les effets du raloxifène dans l'amélioration des facteurs de risque cardio-vasculaire des femmes ménopausées et, notamment, dans la réduction du taux de cholestérol sérique.
En dépit de cet effet sur le profil lipidique, durant les trois années de suivi, le raloxifène n'a pas modifié le nombre d'événements cliniques (infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux).
Sept mille sept cent cinq patientes ménopausées, ostéoporotiques, ont été randomisées dans cette étude comparant un groupe placebo à deux groupes raloxifène : 60 mg/j et 120 mg/j pendant trois ans ; le cholestérol total a été mesuré chez toutes les patients. Seules 2 738 ont eu des dosages de lipoprotéines et de fibrinogène.
Des résultats probants sur le profil lipidique
Les événements cardio-vasculaires comme les éléments sur la sécurité d'emploi ont été recensés par un cardiologue, étranger à l'essai et « naïf » sur le traitement médicamenteux administré à la patiente.
Comparativement au groupe placebo, le raloxifène 60 mg/dl/j diminue significativement le taux de cholestérol total (- 6 %), les LDL-C (- 10 %) et le fibrinogène (- 10 %), mais n'augmente pas le taux d'HDL cholestérol ou les triglycérides. Des résultats comparables ont été observés avec le raloxifène 120 mg/j. Le nombre d'événements coronariens (infarctus du myocarde, angor instable, ischémie coronarienne), cérébrovasculaires (AVC ou accident ischémique transitoire), ou autres événements cardio-vasculaires (coronarien et cérébrovasculaire) n'est pas différent entre les différents groupes durant les trois ans ou au cours de la première année.
L'analyse par sous-groupes
En analysant les résultats par sous-groupes d'événements cardio-vasculaires (fatals et non-fatals) pris séparément ou individuellement par type d'accident, les auteurs en arrivent à la même conclusion. Même chose pour les 202 patientes incluses dans l'étude et qui présentaient une maladie coronaire.
En conclusion, le Dr Elisabeth Barrett-Connor a indiqué que, même si le traitement par raloxifène améliore à trois ans le profil lipidique de ces patientes, il n'est pas associé dans l'essai MORE a une diminution ou à une augmentation du nombre d'événements cardio-vasculaires.
* Le raloxifène, modulateur sélectif de l'activation des récepteurs aux estrogènes, est commercialisé en France sous le nom d'Evista par les Laboratoires Lilly et est indiqué dans le traitement et la prévention de l'ostéoporose postménopausique.
D'après une communication du Dr Elisabeth Barrett-Connor (université de Californie, San Diego, Etats-Unis) sur « Effect of Raloxifene on Serum Lipids and Clinical Cardiovascular Events in Osteoporotic Postmenopausal Women ».
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