Frédéric Deligne sort en octobre « Selfie à travers les arts »*. Fidèle compagnon de route du Généraliste depuis une vingtaine d’années, le dessinateur, qui aime tant pointer « l’absurdité des choses », nous parle de sa vocation pour le 3e art, de sa technique et de sa relation avec le monde médical.
Comme les médecins, vous exercez un métier à vocation... Comment le dessin est-il entré dans votre vie ?
Frédéric Deligne : Petit, je dessinais mon ours en peluche... et je n’ai jamais arrêté. Je ne pensais pas me tourner vers le dessin de presse, pour lequel il n’y a pas de formation dédiée. J’ai suivi une école d’arts appliqués en vue de faire du graphisme, notamment dans la publicité. Puis j’ai gagné un concours de dessin organisé par TF1 et le Nouvel Observateur. Mon oeuvre est passée à la télévision.
Et le dessin de presse ?
F. D. : Après cette “médiatisation”, j'ai démarché Le Canard Enchaîné qui a publié deux de mes dessins. Cela a facilité mes collaborations ultérieures. Avant de sévir au Généraliste, j’ai dessiné pendant 20 ans pour Impact médecine. Cela fait 30 ans que je travaille pour la presse écrite. Je collabore avec des journaux quotidiens (La Croix), hebdos (Le Pèlerin), mensuels (Infirmière magazine) et même trimestriels (Journal de l’Andra).
Que vous inspire l’univers des médecins de famille ?
F. D. : J’aime travailler sur le domaine médical car il est infini et très varié. Et je me sens utile. Des médecins me disent que mes dessins leur parlent. Je suis toujours surpris. C’est troublant mais aussi gratifiant de dialoguer de façon si “rapprochée” avec des professionnels qui nous sont si étrangers de prime abord. Le monde de l’art et de la médecine ne sont a priori pas très familiers.
Vous dessinez aussi parfois en direct, à la télé sur Paris Première. L'instantanéité vous est-elle innée ?
F. D. : Non, au début, il me fallait une semaine pour avoir une idée, et une semaine pour la dessiner. Avec l'expérience du travail en direct, je dessine en même temps que les gens parlent. Cela m'a appris à débloquer plus vite les idées. C’est comme un muscle qu’il faut beaucoup entraîner.
Où placez-vous le curseur entre moquerie et dérision ?
F. D. : Je cherche avant tout à pointer l’absurdité des choses. Accro aux réseaux sociaux, je m’intègre complètement aux sujets de mes moqueries. C’est une histoire d’auto-dérision. Il ne s’agit surtout pas de se mettre au-dessus des autres.
Et vos dessinateurs favoris ?
F. D. : J’admire Cabu et Pétillon. Parmi les vivants : Pessin (Slate.fr) et Ranson (Le Parisien).
Travaillez-vous sur papier ou numérique ?
F. D. : J’ai travaillé trop longtemps avec le crayon pour le délaisser. Cet outil procure des sensations très spécifiques qu’on ne retrouve pas avec la tablette. J’utilise toutefois les supports numériques en déplacement car ils permettent un envoi immédiat.
Comment décririez-vous votre technique ?
F. D. : C’est un peu un jeu entre le crayon et le cerveau. L’un peut le remporter sur l’autre, ou vice versa. Première possibilité, on commence à dessiner, sans avoir d’idée au départ, en gardant l’esprit ouvert, et la trouvaille arrive comme sous l’effet du crayon. Parfois, c’est le contraire : l’idée précède le crayon.
*« Le selfie à travers les arts », aux éditions Iconovox, est le second volet de « Selfie à travers les âges », publié l’année dernière. Frédéric Deligne a lancé une campagne de financement participatif pour mener l’ouvrage à terme (deligne.iconovox.com). Elle se termine dans un mois.
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