UNE ETUDE néerlandaise publiée dans « Human Reproduction » ajoute une pièce de plus au dossier, déjà lourd, des méfaits du tabac. Elle montre en effet que, pour une jeune femme de vingt ans qui envisage de recourir à la fécondation in vitro (FIV) pour un problème de fertilité, le fait de fumer abaisse notablement ses chances d'avoir un enfant par cette approche, les ramenant au même niveau que chez une femme non fumeuse, mais âgée de dix ans de plus. Si en outre, ladite candidate à la FIV est en surpoids, ses chances de succès s'en trouvent encore amoindries.
Une étude dans 12 centres.
L'étude a été menée de façon rétrospective dans douze centres néerlandais. Les investigateurs ont analysé le taux de succès d'un premier cycle de FIV au sein d'une cohorte de 8 457 femmes, en prenant en compte non seulement les données des procédures de FIV réalisées de 1983 à 1995, mais aussi les éléments du mode de vie, dont la consommation de tabac.
Les causes d'infertilité ont été classées en quatre catégories : les anomalies tubaires, les causes liées au partenaire, les stérilités inexpliquées et les causes autres (endométriose, polykystose ovarienne, etc.). L'analyse des données a montré que, à l'époque de leur première tentative de FIV, plus de 40 % des femmes fumaient et plus de 7 % présentaient une surcharge pondérale.
Globalement, le taux de naissances viables par cycle de traitement a été de 28 % plus faible chez les femmes fumeuses que chez celles qui ne fumaient pas. S'agissant des femmes dont l'infécondité n'était reliée à aucune cause établie, la différence s'est révélée encore plus marquée, le taux de naissances viables n'étant que de 13 % chez les fumeuses, contre 20 % chez les non-fumeuses (soit une différence de 45 %). Le taux de fausses couches est également apparu significativement augmenté chez les fumeuses (21 % versus 16 %).
Le surpoids aussi.
L'impact de l'excès de poids a été très similaire à celui du tabagisme, le taux de naissances viables par cycle de traitement ayant été globalement inférieur de 33 % chez les femmes en surpoids et encore plus marqué chez celles souffrant d'infécondité de cause indéterminée.
Pour les auteurs de l'étude, qui souhaitaient visiblement conclure sur une note plus optimiste, les données présentées montrent que, dans un couple ayant des difficultés à concevoir du fait d'un problème de fécondité de la femme, il peut suffire que cette dernière arrête de fumer et perde du poids pour que les chances de réussite d'une FIV s'en trouvent améliorées.
B. Lintsen et coll., « Human Reproduction », 5 avril 2005, édition avancée en ligne.
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