Les débitants de tabac ont encore quelques jours pour écouler leurs stocks de paquets de cigarettes sans photos gores. Désormais, l’ensemble des nouveaux paquets livrés doit inclure ces images. S’agissant du tabac à rouler et autres cigarillos, les fabricants bénéficient d’une année supplémentaire pour mettre en place les avertissements picturaux. Apposées au dos du paquet, ces photos choc assorties d’un message de prévention doivent être imprimées sur au moins 40 % de sa surface.
Pour les cigarettiers, ces images représentent un surcoût de l’ordre de 3 à 4 millions d’euros par fabricant, lié à la modification graphique des paquets et à l’achat de nouveaux cylindres d’impression. Une goutte d’eau rapportée à leur chiffre d’affaires français annuel (1,6 milliard d’euros en 2010). Ces images constituent surtout une attaque frontale contre le paquet de cigarettes en tant que premier outil marketing de l’industrie du tabac. « Ces avertissements graphiques contribuent à réduire la consommation des fumeurs et surtout à dissuader les jeunes de commencer à fumer, notamment parce qu’ils cassent l’image glamour du packaging », estime le Pr Yves Martinet, président du Comité national contre le tabagisme (CNCT).
Quel impact sur les fumeurs ?
Mettant naturellement en doute l’efficacité du dispositif, buralistes et cigarettiers considèrent que la mesure n’aura que très peu d’effet du côté des jeunes. Évidemment, certains adolescents, très friands d’images gores les tourneront en dérision, voire s’amuseront à les collectionner. Néanmoins, ces images souvent très crues interpelleront le public au point que certains cherchent déjà à les dissimuler. Depuis 2003 et l’apparition des premiers avertissements écrits sur les dangers du tabagisme imprimés sur les paquets de cigarettes, plusieurs sociétés commercialisent (sans grand succès) des étuis à cigarettes censés dissimuler ces messages avec plus ou moins d’élégance. La généralisation des images choc relance sur Internet l’offre de solutions pour masquer ces photos dérangeantes.
« Une utilisation généralisée des étuis à cigarettes n’a jamais été vérifiée et ne constituerait pas, en tant que telle, une remise en cause de l’efficacité de la mesure », considère le CNCT. Au contraire, « on peut estimer qu’un fumeur qui éprouve le besoin de cacher ces images, à chaque paquet acheté, se trouve dans une situation où sa consommation de tabac et les risques associés le mettent particulièrement mal à l’aise. Or, ce décalage est bien connu comme étant l’une des premières étapes pour nombre de fumeurs dans le processus, parfois long, de l’arrêt du tabac ».
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