Congrès de l’EASD 2010

Insuffisance rénale ne rime pas toujours avec microalbuminurie

Publié le 15/10/2010
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Selon une étude suédoise, plus de la moitié des diabétiques de type 2 présentant une insuffisance rénale seraient normoalbuminuriques.

Crédit photo : ©PHANIE

Le registre national suédois du diabète livre des informations intéressantes sur la prévalence de l’insuffisance rénale sans albuminurie. En effet, la présence d’une microalbuminurie et l’insuffisance rénale ne sont pas complètement liées chez les patients diabétiques de type 2. Il semblerait même, selon les conclusions issues de l’analyse de ce registre, que plus de la moitié des diabétiques de type 2 présentant une insuffisance rénale soit normoalbuminurique. Ainsi, 62 661 patients diabétiques de type 2 âgés de 30 à 80 ans ont été sélectionnés. Les données concernant l’excrétion urinaire d’albumine, la fonction rénale (créatinine sérique) et les caractéristiques cliniques étaient enregistrées dans le Registre National Suédois du diabète en 2008. L’albuminurie était définie par un taux d’excrétion urinaire d’albumine supérieur à 20 µg/min et l’insuffisance rénale par le taux de filtration glomérulaire inférieur à 60 ml/min/1.73 m2.

Parmi ces malades, 15 % avaient une insuffisance rénale (n=9308) et 56% de ces derniers n’avait pas de microalbuminurie. L’analyse multivariée confirme que les patients non albuminuriques avec insuffisance rénale avaient de façon indépendante et significative, une plus faible ancienneté de diabète (OR 0.73; 95% CI 0.70-0.76), un taux de cholestérol total supérieur (1.05; 1.01-1.10), des triglycérides plus bas (0.83; 0.80-0.87), une pression systolique moins élevée (0.81; 0.78-0.84), un meilleur contrôle glycémique (0.86; 0.82-0.91, en pourcentage d’HbA1c) et un indice de masse corporelle inférieur (0.88; 0.84-0.93). Il s’agissait enfin plus fréquemment de femmes non fumeuses. L’usage des inhibiteurs du système rénine-angiotensine pourrait expliquer en partie ces résultats, mais comme l’expliquent les auteurs, ces données suggèrent néanmoins des mécanismes physiopathologiques distincts.

« La glomérulopathie diabétique n’est donc pas la seule cause de l’insuffisance rénale de ce type de malades, résume le Pr Bernard Bauduceau, service d’endocrinologie, HIA Bégin (Saint-Mandé). Il existe toutefois un biais dans cette étude en raison d’une forte proportion de malades traités par inhibiteurs du système rénine-angiotensine, ce qui limite le taux et la prévalence de la microalbuminurie. Cette étude confirme le fait que l’insuffisance rénale au cours du diabète de type 2 est certainement multifactorielle incluant la néphroangiosclérose, les néphropathies interstitielles et les causes médicamenteuses. »


Source : lequotidiendumedecin.fr