Si " Le Généraliste " était paru en août 1858

La chirugie esthétique, une hérésie

Publié le 20/08/2015

On admire avec raison que, de tous les hommes qui sont au monde, il n'y en a peut-être pas deux qui se ressemblent de visage : mais on ne prend pas garde à une autre chose aussi merveilleuse, que chaque visage est formé de sorte que, quelque laid qu'il nous paraisse, pourvu qu'il ne soit point défiguré par aucun accident, on ne saurait y rien changer pour le rendre plus beau sans le rendre difforme ; parce que dans sa laideur même la nature a observé une symétrie si exacte que l'on peut raisonnablement y trouver à redire.

Par exemple, si l'on prétendait allonger le nez d'un camus, je dis qu'on ne ferait rien qui vaille parce que ce nez étant allongé, il ne ferait plus symétrie avec les autres parties du visage qui, étant d'une certaine grandeur et ayant de certaines élévations ou de certains enfoncements, demandent que le nez leur soit proportionné. Ainsi, selon certaines règles très parfaites en elles-mêmes, un camus doit être camus ; et, selon ces règles, c'est un visage régulier qui deviendrait un monstre si on lui faisait le nez aquilin. Je dis bien plus, qu'il est quelquefois aussi nécessaire qu'un homme n'ait point de nez, qu'il est nécessaire dans l'ordre toscan, par exemple, que le chapiteau de la colonne n'ait point de volute. "

(Vigneul-Marville, " Curiosités biographiques ", 1858)

Source : lequotidiendumedecin.fr