Brève

La Comédie-Française version stand-up

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Publié le 28/09/2017
Les fourberies de Scapin

Les fourberies de Scapin
Crédit photo : Christophe Raynaud de Lage

La cause est entendue. Ces Fourberies de Scapin mises en scène par Denis Podalydès retrouvent une nouvelle jeunesse sur le plateau de la Comédie-Française. Et Benjamin Lavernhe en jouant le rôle-titre s’envole vers la gloire. Dans cette pièce écrite au soir de sa vie, Molière revient aux fondamentaux du théâtre. La vie est une comédie, le bonheur de (se) jouer n’est à nul autre comparable. Qu’importe alors les emprunts, certains appellent cela des vols à tel auteur classique, voire à ses contemporains comme à ce Cyrano ! Ici, pas de leçon de morale. Les pères ne valent rien. Et les fils qui croient s’émanciper reproduisent in fine l’ordre social. Seul grain de sable dans cette machinerie bien huilée, un simple valet (un artiste ?) bouleverse les règles en osant l’impensable, rouer de coups ce patron odieux dans ce sac où Géronte s’est enveloppé. Si Denis Podalydès revendique l’héritage de la Comedia Dell’arte à travers la rivalité Molière-Scaramouche qui partageaient alors le théâtre du Palais-Royal, la forme de jeu rappelle plutôt le stand-up d’aujourd’hui avec cette sacralisation de la performance physique, celle de tenir une salle aux dépens peut-être de l’émotion. Alors certes, la jeunesse est conquise. Et renouvellera qui sait le public grisonnant de la Comédie-Française. Mais on aurait tant aimé un Scapin plus fragile, davantage abîmé par les accidents de la vie et du théâtre. Pas un super héros, mais un simple homme doué du plus grand des talents, celui de changer la vie le temps d’une représentation.


Source : lequotidiendumedecin.fr