LA PLUPART DES ÉTUDIANTS de première année de l'université René-Descartes ont appris la nouvelle par un texto samedi matin. Certains étaient informés depuis la veille. En quelques heures, l'information s'est répandue comme une traînée de poudre. «J'ai le regret de vous faire savoir que des erreurs matérielles ont malheureusement été constatées pour les épreuves de biophysique et de biochimie des 6 et 7mai derniers, a écrit Daniel Jore, directeur d'UFR biomédicale des Saint-Pères, rattachée à Paris-V, aux 2 330 étudiants de PCEM1 de la faculté. Ces erreurs se révèlent entacher la régularité des opérations du concours; aussi le jury, réuni ce jour, a décidé d'annuler ces deux épreuves et de reconvoquer l'ensemble des étudiants pour une nouvelle composition dans chacune des deux disciplines…». Il a fallu un peu de temps pour que les étudiants découvrent que ces «erreurs matérielles» n'étaient en fait que de classiques pertes de copie. «C'est en procédant à l'anonymat des copies que l'administration s'est rendue compte qu'il manquait une copie en biophysique puis une en biochimie», explique Pierre Boucher, président du Cercle cartésien des PCEM1 (C2P1). Dans l'une des épreuves, l'étudiant ne pouvait pas prétendre à être classé en rang utile – le numerus clausus est fixé à 377 pour Paris-V. Dans la seconde, en revanche, l'étudiant dont la copie a été perdue pouvait y prétendre. «L'administration s'est rendu compte de l'anomalie il y a dix jours, indique Pierre Boucher. Depuis, il y a eu beaucoup de réunions avant de décider de faire repasser les deux épreuves.» Celles-ci auront lieu à la maison des examens d'Arcueil le lundi 16 juin 2008 de 16 h 30 à 21 h 30. Sur le forum de l'association, les étudiants expriment leur colère et leur incompréhension. Plus de 20 000 connexions ont ainsi été recensées depuis samedi sur le forum. Un jeune Libyen de Paris-V, rentré à Beyrouth, s'inquiète de ne pas pouvoir trouver un vol pour revenir en France avant l'épreuve.
Surtout, les étudiants se demandent comment cette erreur a pu survenir à deux reprises dans deux matières différentes. « Le Quotidien » a tenté en vain de joindre la direction de la faculté.
Une erreur qui appelle la rigueur.
La procédure des concours est pourtant bien rodée. À l'issue de l'épreuve, les surveillants ramassent les copies, les comptent et les donnent au chef de salle. Les copies sont ensuite mises dans un chariot et sont scellées dans des enveloppes, envoyées à la faculté. Lors de leur réception, les enveloppes sont décachetées et l'administration procède à l'anonymat des copies avant de les passer à la machine pour correction. Impossible donc de savoir lors de quelle étape les copies ont pu être perdues. Cette nouvelle annulation d'épreuve intervient après celle intervenue à Lille l'an dernier et une autre à Limoges en début d'année. Paris-V a déjà été victime de l'annulation d'une épreuve de pharmacie l'an dernier. Il y a trois ans, la faculté s'était trompée dans les classements d'histologie-embryologie, certains étudiants ayant été déclassés trois jours après affichage des résultats. «Cet incident remet au coeur de l'actualité le déroulement de la première année de médecine et son concours avec la pression, la sélection…», constate le C2P1 qui demande la mise en application de la réforme de première année sur les bases du rapport réalisé par Jean-François Bach. Pour Charles Mazeaud, président de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF), aucune réforme ne permettra d'ôter le risque zéro. «Il y aura toujours, quoi qu'il arrive, un concours à la fin de l'année. Il est indispensable de redoubler de rigueur dans l'organisation!»
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