La première cité des Amériques aurait vu le jour il y a 4 500 ans

Publié le 26/04/2001
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L E site de Caral au Pérou serait le plus vieux centre urbain des Amériques. Une étude publiée aujourd'hui dans « Science » remet en question les connaissances qui font d'Aspero, un site plus petit de la même région, la doyenne des métropoles du Nouveau Monde.

Les pierres de Caral auraient été posées entre 2600 et 2000 avant J.-C., soit un millénaire avant celles des autres cités antiques du continent connues à ce jour. C'est une nouvelle datation au carbone à partir de fibres de roseaux qui permet à Jonathan Haas, du Field Museum de Chicago, d'affirmer ce résultat avec une telle précision. Ces fibres étaient tressées en sacs shicra, lesquels servaient justement à transporter des pierres pour la construction de grands édifices (« shicra » signifie « tissé » en indigène). Au lieu de réutiliser ces sacs, les travailleurs les abandonnaient avec leur contenu à l'intérieur des murs de soutènement.
« Ce que nous apprenons sur le site de Caral va remettre en question tout ce que nous pensions sur le développement des anciennes civilisations andines », s'enthousiasme Jonathan Haas. Découvert pour la première fois en 1905 par des archéologues, le site de Caral est l'un des dix-huit sites de la vallée de Supe. Cette dernière s'étend du Pacifique vers les contreforts des Andes à l'Est.
Près d'un siècle aura été nécessaire pour dater le site de Caral. Sur place sont éparpillées nombre de bâtisses monumentales, appelées mounds de fondation. Le plus volumineux d'entre eux est long et large comme deux terrains de football et haut de cinq étages. La taille d'un édifice étant un symbole de pouvoir, une telle construction ne pouvait être l'œuvre que d'un Etat doté d'une grande puissance. Puissance probablement établie grâce au trafic du poisson séché, utilisé comme monnaie d'échange. L'ampleur des monuments de Caral laisse à penser que les urbanistes de l'antiquité avaient des pouvoirs très étendus. D'autres recherches vont être lancées pour tenter de percer le mystère de ce site. Pour cela, il faudra s'accommoder de l'absence de routes goudronnées, d'électricité ou d'eau potable dans la vallée. Et Jonathan Haas, encore émerveillé par sa découverte, de conclure : « C'est un peu comme si on regardait la première église chrétienne. »

Delphine CHARDON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6907