LA CONSOMMATION excessive de médicaments psychotropes par les personnes âgées, en France, tend à se banaliser. On estime qu'au-delà de 70 ans une personne sur deux utilise de façon prolongée des anxiolytiques ou des hypnotiques. Les femmes prendraient deux fois plus de psychotropes que les hommes.
De nombreux travaux permettent de constater qu'il n'est pas fait bon usage des psychotropes, tant au niveau de la prescription que de l'utilisation. Chez la personne âgée, les problèmes portent essentiellement sur :
– une surprescription et une consommation prolongée des benzodiazépines dans les troubles du sommeil et de l'anxiété, alors que les risques liés à ces médicaments sont supérieurs aux bénéfices ;
– une surprescription de neuroleptiques dans les troubles du comportement avec manifestations extérieures (fréquents en cas de maladie d'Alzheimer) ;
– une prescription, à l'inverse, insuffisante d'antidépresseurs chez la personne âgée réellement dépressive.
Quatre situations cliniques.
A l'invitation de la HAS, de nombreux partenaires professionnels (Ordre des médecins, généralistes et spécialistes, sociétés savantes…) et institutionnels (DGS, AFSSAPS, InVS, CNAMTS…) ont décidé de coopérer et de mettre en commun expériences, compétences et actions. Ainsi, à partir d'une méthode participative d'aide à la décision, des actions concertées ont pu être établies. Ces propositions sont envisagées sur deux ans avec un suivi commun ciblé sur des actions significatives.
Pour chacune des quatre situations cliniques (troubles du sommeil, dépression, signes anxieux et troubles du comportement) pourvoyeuses de prescriptions inappropriées de psychotropes, des objectifs d'amélioration ont été identifiés. Des actions très spécifiques (par exemple, diffusion d'outils de démarche diagnostique de l'anxiété chez la personne âgée) ainsi que des actions globales et transversales (programmes d'évaluation et d'amélioration des pratiques de prescription chez le sujet âgé) permettront d'atteindre ces objectifs. Parmi l'ensemble de ces actions, quelques-unes feront l'objet d'un suivi particulier : des programmes d'amélioration de la prescription médicamenteuse chez le sujet âgé dans le cadre de la dépression et des troubles du comportement ; une homologation des classes pharmacothérapeutiques afin d'améliorer les logiciels d'aide à la prescription ; une campagne d'information grand public sur les somnifères et les anxiolytiques ; le suivi d'un programme de recherche sur les psychotropes destiné aux personnes âgées.
Un certain nombre de ces actions sont déjà en cours ou sont programmées. Ainsi, des recommandations sur les modalités d'arrêt des benzodiazépines chez le sujet âgé sont apparues nécessaires dès le début de la réflexion. La HAS a engagé immédiatement leur production afin de les mettre à disposition dès les conclusions des travaux. Ce dispositif est complété par des propositions d'actions nouvelles.
Le rapport « Améliorer la prescription des psychotropes chez le sujet âgé » et les recommandations pour la pratique clinique « Modalités d'arrêt des benzodiazépines et médicaments apparentés chez le sujet âgé » sont téléchargeables sur www.has-sante.fr.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature