La prise d’anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) pendant un traitement antidépresseur est associée à un risque accru d’hémorragie intracérébrale dans le mois. C’est ce que conclut une vaste étude rétrospective coréenne, publiée ce mardi 14 juillet dans le « British Medical Journal ».
Si par le passé, un lien avait déjà été démontré entre la prise de l’un ou l’autre de ces traitements et un risque accru d’hémorragie gastro-intestinale, il s’agit de la première étude suggérant un accroissement du risque d’AVC hémorragique.
Un risque plus élevé chez les hommes, quelle que soit la classe de l’antidépresseur
Les chercheurs ont analysé des données concernant plus de 4 millions d’individus ayant débuté un traitement antidépresseur entre le 1er janvier 2009 et le 31 décembre 2013. Après l’ajustement des variables (âge, sexe, comorbidités et autres traitements), les résultats montrent que la prise d’AINS pendant un traitement antidépresseur était associée à un risque accru d’hémorragie intracérébrale à 30 jours (hasard ratio 1,6 ; 95 % intervalle de confiance 1,32 - 1,85 ; P inférieur à 0,001).
Aucune différence significative n’est apparue entre les différentes classes d’antidépresseurs analysées, qu’il s’agisse des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine-noradrénaline (IRSNA), ou des tricycliques. Étonnamment, notent les auteurs, ni l’âge, ni la prise d’antithrombotiques (des facteurs de risque connus d’hémorragie intracérébrale) n’étaient associés à un HR plus élevé.
Enfin, le risque était plus élevé chez les hommes que chez les femmes (HR 2,6 contre 1.2 chez les femmes ; P inférieur à 0,001).
Des traitements souvent associés
Dans un éditorial accompagnant l’étude, le Pr Stewart Mercer, de l’Université de Glasgow, et ses collègues de l’université de Cambridge, en Grande Bretagne, notent que ces résultats « suscitent quelques préoccupations » vu que l’utilisation d’antidépresseurs est à la hausse, et que les anti-inflammatoires non stéroïdiens en vente libre sont également très fréquemment utilisés, même sans avis médical.
« Ce qui est le plus embêtant, c’est que les situations dans lesquels les deux types de traitements sont préconisés sont fréquentes : 65 % des personnes atteintes de dépression sévère souffrent de douleurs chroniques, » soulignent-ils, insistant sur le fait que ces comorbidités sont particulièrement fréquentes au sein des couches sociales défavorisées. Les auteurs de l’éditorial notent qu’ils aimeraient voir des données sur les effets à plus long terme, et que des études similaires devraient être menées dans des populations d’originies ethniques plus variées.
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