Dermatite atopique

La recherche avance

Par
Publié le 03/04/2017
Article réservé aux abonnés
Dermatite atopique

Dermatite atopique
Crédit photo : PHANIE

En Europe occidentale, la prévalence de la dermatite atopique (DA) est estimée entre 10 et 15 % de la population pédiatrique et environ à 4 % de la population adulte.

Chez le nourrisson, la DA touche les convexités, du visage (joues, front) et des membres Cette topographie des lésions s’inverse chez l’enfant et l’adulte pour toucher les plis (coudes, genoux). Sur une peau sèche témoin d’une altération de la barrière cutanée, les plaques d’eczéma peuvent être rouges, suintantes, croûteuses. Le prurit, principal symptôme rapporté par les patients, peut s’il perturbe le sommeil (grattage nocturne) provoquer une altération majeure de la qualité de vie. La marche atopique est bien connue. Un patient prédisposé génétiquement à une anomalie de la barrière cutanée et de la réponse du système immunitaire, réagit contre des allergènes environnementaux et développe de l’eczéma, une rhinite allergique ou un asthme.

Avancées en épidémiologie

La biodiversité en période prénatale et petite enfance (vie à la campagne et/ou proche d’animaux de compagnie) permettrait une meilleure adaptation aux allergènes de l’environnement et réduirait le risque de développer une DA chez les enfants avant 2 ans. Plusieurs publications (dont Simpson et al) suggèrent, l’intérêt d’agir tôt pour restaurer la barrière cutanée chez le nourrisson à risque. « Les émollients (crèmes hydratantes de composition simple, sans facteur irritant, notamment sans methylisothiazolinone) appliqués très tôt sur l’ensemble du corps d’un nourrisson à risque familial de DA pourraient prévenir la DA (restaurer la barrière cutanée éviterait inflammation cutanée et eczéma) », précise le Pr Seneschal. À l’inverse, une méta-analyse de 2013 révèle une association entre exposition aux antibiotiques dans la première année de vie et surrisque de DA qui peut aller jusqu’à 7 % d’augmentation. Les comorbidités associées à la DA sont objet d’études. Chez l’enfant, Deckert S et al. rapportent une association entre DA et TDAH (trouble de l’attention/hyperactivité). Chez l’adulte, des comorbidités cardiovasculaires jusqu’ici inconnues ont été retrouvées associées à la dermatite atopique aux États-Unis et en Asie. Est-ce transposable en Europe ? « Les études manquent », souligne le Pr Seneschal.

Fondamentaux et nouveautés en thérapeutique

Les émollients permettent de réparer la barrière cutanée et sont systématiquement recommandés. La majorité des patients souffre de DA légère à modérée et relève de soins uniquement locaux… « Les dermocorticoïdes représentent le traitement anti-inflammatoire de première intention de la DA. La fréquente phobie des corticoïdes au sein de la population fait que de nombreux patients n’appliquent pas la corticothérapie locale prescrite par peur d’effets secondaires. Des études en cours évaluent cette phobie et tentent d’y apporter des outils afin d’adapter la prise en charge », explique le Pr Seneschal. Parmi les traitements locaux épargneurs de dermocorticoïdes, citons le tacrolimus et un nouveau topique (crisaborole) qui devrait bientôt arriver en Europe. Cet inhibiteur de la phosphodiestérase 4 (PDE4) a fait la preuve de son efficacité chez certains patients dans le traitement des plaques. Dans la DA modérée à sévère de l’adulte, « l’arrivée prochaine de biothérapies (anticorps monoclonaux) devrait améliorer de façon importante la prise en charge de ces malades plus sévèrement atteints, aujourd’hui sous traitements systémiques (ciclosporine, méthotrexate) », indique le Pr Seneschal.

Simpson EL. et al., J Am. Acad. Dermatol., 2016,74(3):491-8

Tsakok T. et al., Br J Dermatol. 2013,169(5):983-91

Deckert S. et al., Allergy, 2014,69(1):37-45

Silverberg JL. et al., J. Allergy Clin. Immunol., 2015,135(3):721-8e6

Yamanaka K. et al., J. Allergy Clin. Immunol, 2015,136(3):823-4

Dr Sophie Parienté

Source : Le Quotidien du médecin: 9569