Livre blanc de l’endocrinologie-diabète-MM

La revalorisation des actes cliniques est une priorité

Publié le 04/12/2012
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« IL Y A aujourd’hui une priorité qui doit tous nous mobiliser : obtenir une juste valorisation des actes effectués par les endocrino-diabétologues qui, faut-il le rappeler, occupent toujours la place de lanterne rouge dans le classement des revenus des médecins libéraux », souligne le Dr Patrick Bouillot, le président du Syndicat national des spécialistes en endocrinologie, diabète, maladies métaboliques et nutrition (SEDMEN). « Cette revalorisation passe nécessairement par une reconnaissance des actes cliniques à leur juste valeur. Cela fait des années que le dossier de la classification commune des actes médicaux (CCAM) clinique n’avance pas. Et ce sont des spécialités, éminemment cliniques comme la nôtre, qui se trouvent pénalisées », ajoute-t-il.

Pour appuyer ce combat, le SEDMEN dispose désormais d’un document de référence : le Livre blanc de l’endocrinologie-diabète-maladies métaboliques (1), présenté cette année au congrès de la Société francophone du diabète (SFD) et au congrès de la Société française d’endocrinologie (SFE). « C’est un document très important qui nous a demandé deux ans de travail et qui a mobilisé l’ensemble de la spécialité. Les universitaires, les hospitaliers et les libéraux ont su travailler ensemble pour élaborer ce Livre blanc », se félicite le Dr Bouillot.

Ce document de 350 pages dresse un état des lieux très complet de la spécialité. « Pourquoi une telle mobilisation ? Sans doute parce que l’objectif ne prêtait guère à la polémique, consistant à doter la spécialité d’une boussole commune, sorte de feuille de route pour les années à venir. Ce Livre blanc avait pour vocation initiale de faire l’inventaire de nos forces et de nos faiblesses, des opportunités et des risques qui caractérisent notre environnement, et de nous permettre d’élaborer une stratégie de moyen terme dans un contexte très évolutif », soulignent, en introduction, les principaux dirigeants du SEDMEN : le Dr Patrick Bouillot, le Dr Marie-Hélène Bernard, présidente d’honneur, le Pr Brigitte Delemer, vice-présidente et le Dr Nathalie Gervaise, secrétaire générale.

Ce Livre blanc aborde bien sûr la question cruciale de l’attractivité économique de la spécialité tant en ville qu’à l’hôpital. « La première composante se retrouve dans une situation nettement plus critique puisqu’abonnée au sort peu envié de lanterne rouge du peloton des revenus. Dans les deux cas, la situation diffère dans ses conséquences mais trouve une source commune : la scandaleuse sous-tarification de l’expertise clinique. Et singulièrement de cet acte intellectuel de consultant de proximitéqui fait l’essence, la singularité et – pourquoi ne pas le dire ? – la noblesse de notre métier », souligne les dirigeants du SEDMEN dans cette introduction.

Pour le Dr Bouillot, il n’est pas question de se résigner face à ce constat. « Cette sous-valorisation de l’exercice des endocrino-diabétologues libéraux n’est plus acceptable. Aujourd’hui, l’opinion se focalise sur le problème des revenus des médecins généralistes, en oubliant que ces derniers ont des revenus bien supérieurs à ceux des endocrino-diabétologues. Si nous sommes aujourd’hui la lanterne rougedes revenus, c’est parce que nous sommes une spécialité avec très peu d’actes techniques. Nous avons à prendre en charge des pathologies (diabète, obésité, etc.) dont la prévalence et la gravité ne cessent d’augmenter. Ce sont des pathologies qui demandent un temps de consultation important. Quand vous recevez pour la première fois un patient diabétique polycompliqué, la durée de la consultation sera plus proche d’une heure que d’un quart d’heure. Comment voulez-vous qu’un endocrino-diabétologue de secteur 1 s’en sorte avec un tarif de base fixé à 28 euros », s’interroge le Dr Bouillot, en soulignant que les petits coups de pouce tarifaires accordés ces dernières années se sont révélés bien trop faibles. « On nous a accordé une MCE dont le champ a été un peu élargi lors de la dernière convention. Mais tout cela reste très insuffisant. Si, aujourd’hui, près de 70 % des endocrino-diabétologues exercent en secteur 2, c’est bien parce que l’exercice en secteur 1 est complètement sous-valorisé. Pour nombre de praticiens, le secteur 2 est le seul moyen d’assurer la survie de leur cabinet », souligne le Dr Bouillot. Mais le président du SEDMEN précise dans la foulée que l’écart de revenus entre les endocrino-diabétologues du secteur 2 et ceux du secteur 1 reste modeste. « Les revenus sont supérieurs d’environ 11 %, ce qui est loin d’être énorme. La vérité est que les dépassements d’honoraires restent très raisonnables dans notre spécialité. Et beaucoup de praticiens du secteur 2 prennent en charge des patients au tarif du secteur 1 », souligne le Dr Bouillot.

En deux temps.

Pour le président du SEDMEN, la priorité, désormais, est d’obtenir une revalorisation en deux temps. « Il est d’abord indispensable de passer à un élargissement de la MCE sur certains actes cliniques. On souhaiterait aussi la création d’une consultation longue, d’expertise qui soit tarifée convenablement comme pour les psychiatres ou les cardiologues », indique le Dr Bouillot, en ajoutant ensuite que les endocrino-diabétologues sont prêts à s’engager dans le débat autour de la prise en charge des maladies chroniques. « Ces pathologies, au premier rang desquelles on trouve le diabète, représentent aujourd’hui 70 % des dépenses de l’assurance-maladie. Et leur prévalence ne cesse d’augmenter. Cela invite à réfléchir à de nouvelles modalités de prise en charge. Et avec ce Livre blanc, nous souhaitons être au cœur de ce débat », indique le président du SEDMEN.

D’après un entretien avec le Dr Patrick Bouillot, président du Syndicat national des spécialistes en endocrinologie, diabète, maladies métaboliques et nutrition (SEDMEN).

(1) http://www.sfendocrino.org/article/416/livre-blanc-de-l-rsquo-endocrino…

ANTOINE DALAT

Source : Bilan spécialistes