CLASSIQUE
A PRES le théâtre du Châtelet (1) dont la prochaine saison comportera les créations à Paris des opéras « Trois Surs », de Peter Eötvös, et « l'Amour de loin », de Kaija Saariho, ainsi qu'un spectacle de Robert Wilson sur le « Voyage d'hiver », de Schubert, interprété par Jessye Norman et Myung-Whun Chung dans des costumes d'Yves Saint Laurent (« le Quotidien » du 19 mars), ce sont l'Opéra national de Paris et le théâtre des Champs-Elysées qui viennent de publier le détail de leurs saisons 2001/2002.
Au théâtre des Champs-Elysées (2), René Jacobs et Jean-Louis Martinoty monteront en octobre une nouvelle production des « Noces de Figaro », de Mozart, avec Véronique Gens et Pietro Spagnoli. Suivront une coproduction avec l'Opéra de Lausanne de « The Rake's Progress », de Stravinsky, dirigée par John Darlington et mise en scène par André Engel en novembre, « Il Matrimoni Segreto », de Cimarosa, par Christophe Rousset et Les Talents lyriques (mars), « La Serva Padrona », opéra pour les enfants de Pergolèse par Gilbert Deflo et Jonathan Darlington et le Concerto Köln (mai). « Falstaff », de Verdi, conclura cette saison, avec l'Orchestre de Paris dirigé par Esa-Pekka Salonen, dans une mise en scène de Herbert Wernicke en coproduction avec le festival d'Aix-en-Provence.
De nombreux concerts, oratorios et opéras en version de concert compléteront la saison, dont une « Ariadne auf Naxos », de Richard Strauss, par l'Opéra de Vienne dirigé par Giuseppe Sinopoli (29 octobre). Pour les fêtes de fin d'année, le spectacle « Tango Pasi[151]n », de Hectore Zaraspe, reviendra avec l'Orchestre El Sexto Mayer et des danseurs argentins. Les concerts des Wiener Symphoniker, de l'Orchestre national de France, de l'Ensemble orchestral de Paris et de l'Orchestre Lamoureux ainsi que de nombreux récitals de chant et instrumentaux ponctueront cette riche saison.
Dayan et Moreau
A l' Opéra national de Paris (3), on attend avec impatience la création française au palais Garnier, en septembre, de « la Petite Fille aux allumettes », du compositeur allemand Helmut Lachenmann d'après Andersen, créée à Hambourg en 1997. Autre événement, la mise en scène d'« Attila », de Verdi, par Josée Dayan et Jeanne Moreau, sous la direction de Pinchas Steinberg, avec Samuel Ramey et Maria Guleghina (Bastille, septembre). Très attendue également et à ne manquer sous aucun prétexte, la reprise de la mise en scène de « Billy Budd », de Britten, par Francesca Zambello, avec un nouveau Billy, le Suédois Bo Skovus (Bastille, octobre). Une nouvelle production de « la Khovantchina », de Moussorgski (version Chostakovitch), sera signée Andrei Serban (Bastille, décembre), avec une distribution entièrement russe. Autre création mondiale, mise en scène par Jorge Lavelli, celle de la version définitive de la « Medea » de Rolf Liebermann (1910-1999), inoubliable patron de l'Opéra de Paris dans les années soixante-dix- quatre-vingt.
A Garnier en avril, Ivan Fischer produira un nouvel « Idomeneo », de Mozart, qui permettra d'entendre l'Idamante de Susan Graham et, on l'espère, nous débarrassera de la hideuse production présentée à la Bastille. « La Flûte enchantée » de Benno Besson, grande victime des grèves de l'année dernière, reviendra à Garnier en fin d'une saison qui s'achèvera par une nouvelle production de « Rusalka » de Dvor[135]k avec Sergei Larin, Renée Fleming et Eva Urbanova sur la scène bastillane.
Le Ballet rendra hommage en novembre à Boris Kochno (1903-1990), collaborateur de Diaghilev puis de Balanchine, avec un spectacle réunissant « Mavra », « le Fils prodigue » et « les Sept Péchés capitaux », dont la soliste chanteuse sera Anne Sofie von Otter. Le Ballet de la Scala de Milan sera invité en janvier à se produire à Garnier dans « Exelsior », une fantasmagorie historique de Luigi Manzotti. Outre ces événements, la saison s'annonce bien pauvre en nouveautés car, hormis une nouvelle chorégraphie « Hurlevent », du danseur étoile Kader Belarbi, tout le reste ne sera que reprise du répertoire : « Notre-Dame-de-Paris » de Roland Petit, qui revient à Garnier ainsi que son bien décevant « Clavigo », « Giselle » de Mats Ek, « Coppélia » à Garnier, « Don Quichotte », « la Bayadère », « le Concours », de Béjart, et « le Parc », de Preljocaj, à Bastille.
A l' Auditorium du Louvre (4), on retrouvera les concerts de musique de chambre, récitals de piano et de chant avec des thèmes (autour de Georges Enesco, « Paris, Vienne, Broadway... la musique s'amuse »), les récitals de midi du Louvre et la musique filmée, avec une rétrospective sur l'Orchestre symphonique de Chicago et la septième biennale de la musique filmée.
(1) Tél. 01.40.28.28.40.
(2) Tél. 01.49.52.50.50.
(3) Tél. 08.36.69.78.68.
(4) Tél. 01.40.20.84.00.
Bernstein, Gould et Beethoven
Continuant à rendre hommage au chef d'orchestre américain Leonard Bernstein (1918-1990), Sony Classical réédite en CD neuf nouvelles références, parmi lesquelles deux des trois concertos pour piano de Ludwig van Beethoven, enregistrés avec le pianiste canadien Glenn Gould (1932-1982).
G OULD a beaucoup joué en public les cinq « Concertos pour piano et orchestre », de Ludwig van Beethoven, lors de sa courte carrière de concertiste à la fin des années cinquante et au début des soixante, avant de se retirer dans l'ombre des studios d'enregistrement qu'il fréquenta jusqu'à sa disparition précoce à 50 ans.
On connaissait, grâce à l'éditeur italien Nuova Era, un « Troisième », joué avec les Berliner Philharmoniker à Berlin le 26 mai 1957, sous la direction de l'illustrissime maestro Herbert van Karajan. Gould n'y a jamais été aussi sage, jeune homme qu'il était sous l'influence du grand Artur Schnabel. La critique berlinoise avait parlé d'un nouveau Busoni. En studio, Gould enregistra les cinq concertos pour son éditeur exclusif CBS entre 1958 et 1966 : le premier avec le Columbia Symphony Orchestra et Vladimir Goldschmann, le cinquième avec The American Symphony Orchestra et Leopold Stokowski et les trois autres avec le Columbia (2e) et le New York Philharmonic (3e et 4e), sous la direction de Leonard Bernstein. Ce sont les troisième et quatrième que restitue Sony Classical aujourd'hui (et pourquoi pas le deuxième aussi ?) à l'occasion de cet hommage au chef et compositeur disparu, qui comporte désormais quatre-vingt-neuf références.
Beaucoup moins sage dans le troisième concerto en 1959, deux ans après Karajan, Gould fouille le Largo pour en faire ressortir toutes les audaces harmoniques, et se lance beaucoup plus de fougue dans le Rondo. On sent que le courant passe mieux avec le chef américain dans le travail de studio qu'avec Karajan dans l'ambiance du concert à Berlin. Dans le Quatrième, cher à Gould qui fit avec lui ses débuts de concertiste à 14 ans à Toronto, enregistré en 1961, le pianiste respecte comme dans le Troisième les cadences écrites par Beethoven et se montre sous son meilleur jour tant au plan de la sonorité, qui y est constamment colorée et inventive, qu'à celui de la fantaisie d'interprétation, particulièrement dans les méandres du premier mouvement.
La collaboration de Bernstein et Gould, on le sait, tourna court après une mésentente au sujet du Premier Concerto de Brahms, dont l'exécution eut lieu malgré tout le 6 avril 1962 ; l'enregistrement conserve une célèbre élocution du chef prévenant le public du désaccord (CBS/Sony).
Parmi les autres enregistrements de Bernstein réédités (Sibelius, Chostakovitch, Rachmaninov, Berlioz), signalons surtout l'incomparable « Chant de la Terre », de Mahler, par l'Israel Philharmonic en 1974, avec Christa Ludwig et René Kollo. Et un « Requiem » de Verdi de 1971, très décrié pour sa direction peu latine mais qui réunit tout de même comme solistes Arroyo, Veasey, Domingo et Raimondi. La palme de cette série revient cependant à de très brillantes « Symphonies Parisiennes », de Haydn (82 à 87), enregistrées entre 1962 et 1967 avec le New York Philharmonic : Bernstein fait sonner de façon universelle ces petits chefs d'uvre de musique, précision et humour.
Sony Classical, 9 références Bernstein Century, ADD.
Piano Quatre Etoiles
Avec le printemps, revoici la saison des récitals de piano, dont celle de Piano Quatre Etoiles, qui est ce qu'est la Rolls Royce à l'automobile ! Maurizio Pollini, fidèle à la série d'André Furno qui l'a révélé en France, ouvrira le feu le 24 avril à 20 h au Châtelet (comme tous les concerts de cette série qui a fui avec raison la salle Pleyel), avec un récital comprenant rien moins que les « Quatre Ballades » de Frédéric Chopin et les « Kreisleriana » de Schumann comme plats de résistance d'un récital consacré à ces deux compositeurs. Alfred Brendel, autre fidèle de la première heure, se taillera la part du lion avec un récital Haydn, Mozart, Beethoven, le 23 mai, concert au cours duquel il accompagnera le jeune baryton allemand Matthias Goerne dans « Schwanengesang », de Schubert, et « An die Ferne Geliebte », de Beethoven, le 5 juin, et un concert de musique de chambre avec un quatuor consacré à Mozart le 11 juin. L'immense Roumain Radu Lupu reviendra le 30 mai (Beethoven, Janacek, Enescu) et l'Américain Murray Perahia, qui avait ouvert la saison très tôt, en éclaireur, en octobre, avec les « Variations Goldberg » de Jean-Sebastien Bach, reviendra le 1er juin avec un superbe programme Mozart, Chopin et, pour la première fois sous ses doigts, la grande Sonate D 960 de Schubert. Amateurs de piano de haut niveau, à vos agendas !
Renseignements et réservations : Piano 4 Etoiles (01.44.17.93.25) et Châtelet (01.40.28.28.40).
Accardo à Paris
Le violoniste italien Salvatorer Accardo sera le 9 mai au théâtre des Camps-Elysées, le soliste et le chef d'un concert avec l'Orchestra da Camera Italiana. Au programme : Rossini, la 4e Symphonie de Mendelssohn et le 4e Concerto pour violon "Parisien" de Paganini.
Tél.01 49 52 50 50.
Prix des Places : de 130 à 330 F.
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