Fruit du travail de deux ingénieurs israéliens, la vidéocapsule endoscopique, présentée par la société Given Imaging (Yoqneam, Israël) en 2000 et approuvée par la Food and Drug Administration depuis août 2001, a connu un succès médical et médiatique très important. Elle continue de faire parler d’elle en apportant la preuve de son intérêt pour détecter la cause d’une hémorragie digestive d’origine indéterminée.
L’INTESTIN GRELE reste difficile à explorer ; les différentes méthodes disponibles sont difficiles à mettre en oeuvre pour de nombreuses raisons : la morbidité non négligeable de l’entéroscopie chirurgicale, le caractère incomplet de la vidéoentéroscopie poussée qui est limitée aux premières anses jéjunales et à l’iléon terminal, l’évaluation insuffisante de l’entéroscopie par double ballon et la fragilité du matériel comme la sonde d’entéroscopie.
Véritable révolution technologique, la vidéocapsule endoscopique explore la totalité de l’intestin grêle dans 75 % des cas (passage de la valve iléo-cæcale) permettant une visualisation d’environ 80 % de la surface de l’intestin grêle.
Cette technique offre l’avantage de ne pas faire courir le risque infectieux de l’endoscopie, de permettre une exploration indolore, sans sédation et sans préparation préalable.
La capsule ingérée par le patient est propulsée dans le tube digestif par péristaltisme et achève son trajet dans le côlon droit en 5 à 8 heures. Elle est expulsée dans les selles dans les 24 à 48 heures qui suivent son ingestion, en fonction du transit du patient.
Le système (caméra miniaturisée incluse dans la capsule) est capable de capturer et de transmettre les images (2 images par seconde) à un système d’antennes appliqué sur la peau du patient et connecté à un enregistreur télémétrique à bande de haute fréquence fixé à la ceinture.
Les images télétransmises à l’enregistreur sont ensuite examinées dans une station de travail reliée à un moniteur vidéo.
Des indications émergentes.
L’indication principale de la vidéocapsule endoscopique est la recherche de lésions hémorragiques chez les patients ayant des saignements occultes. Plusieurs études ont montré que, dans cette circonstance, l’efficacité diagnostique de la vidéocapsule est supérieure à celle de l’entéroscopie poussée. Les indications émergentes sont les suspicions de maladie de Crohn, la maladie coeliaque compliquée, les tumeurs du grêle, les lésions dues aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (Ains), la surveillance des polyposes héréditaires.
Plusieurs études destinées à évaluer la performance de la vidéocapsule endoscopique ont été présentées au cours de la 14e édition de l’Uegw (United European Gastrenterology Week).
Le Dr Emmanuel Ben Soussan (service d’hépato-gastroentérologie de l’hôpital Charles-Nicolle, Rouen) a présenté une étude prospective multicentrique dont l’objectif était d’évaluer l’efficacité diagnostique de la vidéocapsule endoscopique pour rechercher des lésions hémorragiques en cas de saignements évidents inexpliqués.
Ce travail porte sur des patients ayant un antécédent de saignement sous forme de melæna et/ou de sang dans les selles. Tous ont eu une exploration du tractus digestif supérieur par endoscopie et une coloscopie réalisée sous anesthésie générale. Les explorations par vidéocapsule ou autres examens endoscopiques devaient être réalisés dans les 14 jours suivant le saignement.
Les critères d’exclusion étaient : une hématémèse, un choc hémorragique imposant un geste thérapeutique d’urgence, un saignement d’origine anale, la prise d’Ains dans les 21 jours précédents et une suspicion clinique ou radiologique de sténose.
Au total, 53 patients dont 28 hommes et 25 femmes, âgés de 53,5 ans en moyenne, ont été inclus. A l’admission, 35,8 % avaient un mauvais état hémodynamique. Les saignements se traduisaient par un melæna (33 patients), un melæna et du sang dans les selles (11 patients) ou uniquement du sang dans les selles (9 patients).
Dix-neuf patients (35,8 %) avaient pris un médicament susceptible de provoquer un saignement digestif. Le taux moyen d’hématocrite était de 23,5 % (extrêmes : 12 % et 30 %) et le nombre moyen d’unités de sang transfusées de 3,71 (extrêmes : 3 et 14). La durée moyenne entre le premier symptôme clinique et l’examen endoscopique par vidéocapsule a été de 8,7 jours.
La vidéocapsule a détecté des lésions susceptibles de provoquer des saignements chez 33 patients (62,2 %). Ces lésions étaient localisées au niveau de l’intestin grêle dans 28 cas et de l’estomac dans 4 cas. Il s’agissait d’ulcérations (10 cas), de tumeurs (8 cas), de malformations artério-veineuses (7 cas), d’hypertension portale (2 cas) ou d’ulcérations ischémiques (1 cas). Dans 5 cas, un saignement a été détecté sans lésion visible.
La localisation des saignements et la détection de la nature des lésions en cause par la vidéocapsule endoscopique ont modifié la prise en charge de 19 patients (37 %).
Le suivi de 43 patients pendant 3 mois a permis de mettre en évidence une récidive de saignement liée à une lésion de l’intestin grêle chez deux patients et un saignement qui restait inexpliqué chez 9 patients.
Dans cette étude, un examen par vidéocapsule réalisé précocement a été capable de révéler l’origine du saignement dans environ deux tiers des cas et a conduit à des changements de stratégie dans plus d’un tiers des cas.
D’après la communication d’Emmanuel Ben Soussan (Rouen).
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