L’asymétrie tensionnelle, facteur de risque de mortalité

Publié le 31/01/2012
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Crédit photo : S; Toubon

Une atteinte vasculaire périphérique est associée à une diminution de la pression artérielle à la cheville, ce qui justifie la mesure de l’index de pression systolique bras-jambe. Mais à défaut, de nombreuses études suggèrent qu’une différence de pression artérielle entre les deux bras, de l’ordre de 10 à 15 mmHg, pourrait être associée à un pronostic cardio-vasculaire péjoratif.

C’est pourquoi Christopher E. Clark et coll. (Université d’Exeter, Essex, Royaume-Uni) ont réalisé une méta-analyse. Au total, 28 essais cliniques sont apparus éligibles et les auteurs en ont inclus 20. Dans 5 études angiographiques, la différence moyenne de pression systolique entre les deux bras a été de 36,9 mmHg. Elle s’expliquait par une sténose sous-clavière significative avec occlusion supérieure à 50 %. Une différence tensionnelle de 10 mmHg ou plus est apparue fortement associée à une sténose sous-clavière, avec un risque relatif de 8,8.

Dans les études sans explorations invasives, une différence tensionnelle entre les deux bras de 15 mmHg ou plus est apparue associée à une maladie vasculaire périphérique dans 9 études de type cohorte (risque relatif de 2,5, sensibilité 15 % et spécificité 96 %). Elle est également apparue associée à une maladie cérébro-vasculaire dans cinq études de type cohorte (RR 1,6, sensibilité 8 % et spécificité 93 %). Quant à l’association avec l’augmentation de la mortalité cardio-vasculaire, elle est apparue dans 4 études de type cohorte avec un risque relatif de 1,7. De même, le risque relatif de mortalité globale a été de 1,7.

Une différence de 10 mmHg ou plus est apparue associée à une maladie vasculaire périphérique dans cinq études, avec un risque relatif de 2,4 (sensibilité 32 % et spécificité 91 %).

Ainsi, la constatation d’une asymétrie tensionnelle de 10 mmHg pourrait servir à identifier les sujets chez lesquels des explorations cardio-vasculaires complémentaires seraient utiles et une différence tensionnelle supérieure à 15 mmHg pourrait servir à l’identification des patients à haut risque de mortalité globale et cardio-vasculaire.

Dans un éditorial, RJ McManus et J Mant soulignent la forte spécificité de l’association entre asymétrie tensionnelle et maladie vasculaire périphérique, ce qui en fait un signe au sens sémiologique. En revanche, sa faible sensibilité en fait un test de dépistage peu intéressant. Ils ajoutent que la prévalence de l’asymétrie tensionnelle est élevée, ce qui signifie que le diagnostic d’HTA comporte beaucoup de faux négatifs si la mesure n’est effectuée qu’à un seul bras.

« The Lancet » 2012 (en ligne). DOI:10.1016/S0140- 6736(11)61710-8 et 61926-0.

Dr GÉRARD BOZET

Source : lequotidiendumedecin.fr