Si « Le Généraliste  était paru en 1894

Le fœtus récalcitrant

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Publié le 30/01/2017
Histoire

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On nous rapporte, et si la source de notre information n’était parfaitement autorisée, nous aurions peine à y ajouter foi, un fait scandaleux qui se serait passé tout récemment dans un hôpital de la rive droite, à moins qu’il ne soit sur la rive gauche. Un des chirurgiens de cet hôpital, bien connu pour sa « belle indolence » comme la Sarah du poète, ne va dans son service que d’une façon très irrégulière. Les internes et assistants sont chargés de lui préparer les malades à opérer.

Or, ces jours derniers, il y avait au programme un « ventre » : un fibrome aux contours arrondis dont l’extirpation ne serait qu’un jeu ! Notre chirurgien approuve le menu et se met en devoir de découper le morceau servi sur la table d’opération. Mais, ô surprise ! La prétendue tumeur était une grossesse de trois mois et demi. L’hésitation n’était plus permise, il fallait poursuivre quand même le découpage. Le corps du délit mis à nu, notre homme s’écrie : « Ce n’est qu’un fœtus macéré ! Vite, un bocal d’alcool ! » Mais, ô miracle, ce bain, légèrement excitant, redonne la vie au fœtus. Quel dommage qu’il ne se soit pas trouvé là un interviewer pour demander au petit être « Si c’est le suprême bien-être/ Que d’être mort avant de naître » comme chantait jadis feu Mac-Nab…

(« La Chronique médicale », 1894)


Source : lequotidiendumedecin.fr