Alors que la Cour des comptes étrillait la gestion du LFB dans son rapport annuel, le laboratoire public annonçait le même jour la suppression de 120 postes. Faut-il parler de coïncidence ? Sûrement pas. D'autant que le constat dressé par les magistrats de la rue Cambon est accablant : « Pratiques industrielles défaillantes, stratégie de diversification trop ambitieuse. » Les derniers mois ont été particulièrement difficiles pour le laboratoire spécialisé dans la production de médicaments obtenus par fractionnement du plasma humain. Une première lettre d'injonction avait été adressée par l'ANSM qui avait constaté le non-respect de normes au début de l'année 2017. En l'absence d'améliorations significatives, l'agence avait réitéré son injonction en 2018. Résultat immédiat, le chiffre d'affaires en 2017 et au premier semestre 2018 enregistre une forte baisse en raison d'un ralentissement de la production. Dans un entretien à l'AFP, Denis Delval, le président-directeur général du laboratoire annonce une chute de 18 % à environ 400 millions d'euros. Le résultat net devrait être encore négatif en 2018. Outre la récurrence de problèmes survenus dans les processus industriels, le rapport de la Cour des comptes critique également la stratégie de diversification dans les biotechnologies. Un investissement de 700 millions d'euros a été réalisé dans ce secteur depuis 2009 qui n'a pas généré à ce jour de chiffre d'affaires significatif. Pire, « les deux principaux produits en développement issus du génie génétique, sur lesquels reposaient des prévisions très optimistes d'augmentation du chiffre d'affaires du groupe à partir de 2018, n'ont pas obtenu les agréments nécessaires de l'agence pharmaceutique américaine ». Enfin, la construction d'une nouvelle usine à Arras Pas-de-Calais accuse un sérieux retard. Elle devait être opérationnelle en 2020. Le financement ne serait même plus assuré aujourd'hui. L'arrivée d'actionnaires minoritaires permettrait de résoudre la difficulté. L'ouverture serait alors envisagée en 2024.
Nécessaire restructuration
En réponse à cette situation, et suivant les recommandations du rapport, le LFB amorce un recentrage de ses activités sur son cœur de métier, la production de médicaments dérivés du plasma. Ce qui devrait entraîner la suppression de 120 postes. Enfin le laboratoire maintiendrait à l'étranger sa présence uniquement sur des marchés matures comme les États-Unis, l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Italie. Le laboratoire public solde ses ambitions. Fin de l'histoire.
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