Outre-Manche, un coup d'avance ?

Le NHS s'attaque aux inégalités salariales entre hommes et femmes médecins

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Publié le 07/06/2018
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15 %. C'est la différence moyenne de salaire entre un homme et une femme médecin en Angleterre, d’après le NHS, système de santé public britannique.

La vénérable institution a décidé de s'attaquer à ces écarts de rémunération. À cet égard, le ministre de la Santé Jeremy Hunt a chargé fin mai le Pr Jane Dacre, présidente du Royal College of Physicians, de mener une enquête sur le sujet et de lui faire des propositions avant la fin de l'année. « Que ce soit au niveau britannique ou au niveau mondial, le NHS représente un brillant symbole d’égalité », explique Jeremy Hunt, cité par le « Guardian ». « Il est donc inacceptable que 70 ans après sa création, ses employés soient victimes d’inégalités liées au genre. »

Reste à savoir d’où vient cette différence majeure de revenu entre les hommes et les femmes médecins – qui représente tout de même 10 000 livres (environ 11 500 euros) par an. Les praticiens du NHS étant salariés, et ayant les mêmes grilles de rémunération quel que soit leur sexe, c’est du côté de la forte prédominance des hommes dans les fonctions les plus haut placées qu’il faut chercher l’explication. Le Pr Jane Dacre orientera donc ses recherches vers des facteurs tels que l’impact de la maternité sur la progression des carrières professionnelles, l’organisation du travail ou l’accès aux horaires flexibles, cadre déjà Jeremy Hunt.

« Not so British »

Mais le différentiel de revenus entre les praticiens des deux sexes n’a rien d’une spécificité britannique. D’après l’INSEE, en France, le revenu moyen des médecins hommes ayant une activité libérale était de 119 390 euros au début des années 2000, contre seulement 75 080 euros pour leurs consœurs, soit 37 % de moins. Pour les salariés, le fossé est moindre, mais reste significatif. Une femme médecin gagnait en moyenne dans la fonction publique hospitalière 16 % de moins qu’un de ses confrères en 2014.

Ces écarts de rémunération sont toutefois remis en perspective par les premières concernées. « Le libéral est un monde où l’on décide beaucoup de choses par soi-même », souligne le Dr Sayaka Oguchi, présidente du Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG). A ses yeux, les différences de revenus entre praticiens libéraux hommes et femmes relèvent d'abord de choix individuels ; la seule discrimination qu’elle relève porte sur le congé maternité pour les remplaçantes, aujourd'hui exclues de l’Avantage supplémentaire maternité (ASM, qui permet de faire face aux charges de gestion du cabinet médical). « Cela reste un sujet de revendication », affirme la syndicaliste.

Dans le monde hospitalier, les écarts ne semblent pas choquer davantage. « Ces chiffres s’expliquent par des choix personnels : faire plus de gardes, avoir une activité libérale à l’hôpital », affirme le Dr Rachel Bocher, présidente de l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH). « Je ne vois donc pas en quoi ce serait un problème. » Peu probable de voir une enquête similaire émerger de notre côté de la Manche...

 

Adrien Renaud

Source : Le Quotidien du médecin: 9671