Sclérose en plaques

Le syndrome radiologique isolé peut-il être annonciateur de la maladie ?

Publié le 22/06/2015
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Avec l’IRM, on découvre de plus en plus d’anomalies du signal de la substance blanche

Avec l’IRM, on découvre de plus en plus d’anomalies du signal de la substance blanche
Crédit photo : PHANIE

« Avec l’arrivée de l’IRM, on découvre de plus en plus d’anomalies du signal de la substance blanche qui ne correspondent pas aux motifs cliniques pour lesquels l’IRM a été réalisée », précise la Dr Lebrun-Frenay. Ces lésions de découverte fortuite en imagerie (incidentalomes) concernent 20 % de la population générale. À l’analyse, si certaines de ces anomalies de signal ne sont suggestives d’aucune maladie (anomalies physiologiques), d’autres permettent de découvrir des pathologies vasculaires, tumorales, ou inflammatoires. « Chez un petit nombre de ces patients, on retrouve ainsi tous les critères diagnostiques radiologiques évocateurs d’une sclérose en plaques (SEP), mais sans aucune histoire neurologique ni aucun symptôme clinique », confirme la Dr Lebrun-Frenay. Une fois appliqués les critères spécifiques de dissémination spatiale de la SEP (afin d’éliminer tout ce qui ne correspond pas à une possible maladie inflammatoire infraclinique), toute la difficulté est donc de faire la part entre les patients qui vont développer une SEP clinique et les autres.

Surveillance IRM dans le temps

Pour déterminer qu’il s’agit bien d’un processus chronique inflammatoire découvert avant qu’il ne s’exprime, la première possibilité, à condition que le patient soit demandeur, est de réaliser une IRM de contrôle 3 à 6 mois après, pour vérifier si le phénomène est évolutif ou pas dans le temps. En effet, dans une SEP, il existe une dissémination spatiale (avec des anomalies inflammatoires à diverses topographies du système nerveux central) et une dissémination temporelle. « Avec cette nouvelle IRM, on se retrouve devant plusieurs possibilités : soit l’IRM est strictement superposable à la précédente (il n’y a pas de dissémination temporelle), soit de nouvelles anomalies de signal sont apparues, soit il y a une prise de contraste sur certaines lésions (elles sont donc d’âge différent) ».

En cas de modifications à l’IRM cérébrale ou médullaire, se pose alors la question de savoir quel est le niveau de risque de survenue d’une SEP clinique. Pour tenter d’y répondre, les neurologues commencent par proposer le même bilan que chez un patient ayant développé les signes cliniques de la maladie : recherche de troubles cognitifs, enregistrement des potentiels évoqués visuels et ponction lombaire afin de vérifier s’il y a une élévation de l’index des immunoglobulines et rechercher la présence de bandes oligoclonales (ou BOC). Le risque que la SEP se révèle cliniquement dans les semaines ou les mois qui suivent est apprécié sur des critères précis (sexe, âge, dissémination des lésions, etc.).

Une étude mondiale

Repérer les patients à haut risque de déclarer prochainement une SEP n’a évidemment d’intérêt que s’il existe des moyens de retarder ou d’empêcher la survenue de la maladie. C’est pourquoi une étude mondiale de phase 3 contre placebo vient de débuter. Elle inclura 210 patients avec un premier groupe qui recevra un traitement par voie orale habituellement donné aux patients venant de déclarer une SEP et un second groupe, un placebo. Les neurologues espèrent ainsi démontrer que le traitement préventif permet bien d’annuler ou au moins de retarder l’expression clinique de la maladie.

D’après un entretien avec le Dr Christine Lebrun- Frenay, CHU de Nice

Bibilographie :

Lebrun C. et al Association between clinical conversion to multiple sclerosis in radiologically isolated syndrome and magnetic resonance imaging, cerebrospinal fluid, and visual evoked potential: follow-up of 70 patients. Archives of Neurology 2009;66(7):841-46

Okuda DT et al. Radiologically Isolated Syndrome: 5-Year Risse for an Initial Clinical Event. PLoS ONE, 2014, 9 (3) : e90509. doi : 10.1371/journal.pone.0090509.s005.

Dr Nathalie Szapiro

Source : Bilan spécialiste