« I NTIMITE » est né de la rencontre, par lecture interposée, du cinéaste de « la Reine Margot » et de l'écrivain Hanif Kureishi, l'auteur du scénario de « My Beautiful Laundrette » pour Stephen Frears. Chéreau et sa co-scénariste Anne-Louise Trividic se sont inspirés plus particulièrement du roman « Intimité » et d'une nouvelle du recueil « Des Bleus à l'amour ». En lisant « Intimité », le réalisateur avait découvert « quelqu'un qui essayait de me dire ce qu'était un couple aujourd'hui, ce que deux personnes peuvent ou ne savent pas construire ensemble ».
Le couple qu'il met en scène n'est pourtant pas un couple ordinaire : lui a quitté sa femme et ses enfants et habite dans un de ces appartements miteux que recèlent si bien les grandes villes anglaises (Londres en l'occurrence, ce n'est pas neutre) ; elle, dont on ne sait rien au départ, vient le voir tous les mercredis après-midi, ils ne se parlent pas, ils font l'amour et elle repart. Chéreau montre leurs ébats longuement, sans rien cacher, dans la crudité et la brutalité d'actes sexuels apparemment privés de tout sentiment. Mais, s'il conte « l'histoire de deux personnes qui ne sont pas capables de parler et dont le seul moyen de communication passe par le sexe », Chéreau ne s'arrête pas là, heureusement, et, comme il l'a expliqué à ses détracteurs à Berlin, « quelque chose se passe entre eux, quelque chose qui est de l'amour ».
Car l'homme est intrigué par cette femme du mercredi et va la suivre pour découvrir une autre facette de son intimité, ce qui la fait agir et vivre. D'où un retour du cinéaste de 56 ans à ses premières et toujours grandes amours, le théâtre.
Si (ou parce que) ces personnages nous ressemblent, dans leur solitude et leur manque d'espoir, ils ne sont guère exaltants. A-t-on vraiment envie d'en savoir plus sur cette femme qui semble bien ordinaire ? Chéreau les suit dans les rues de Londres et les bars sombres, caméra sur l'épaule, trop mobile même, sans se départir d'une certaine distance. De la modestie sans doute : il s'attarde sur les inextricables liens entre le sexe et l'amour sans prétendre les comprendre ; il filme le mal de vivre sans lui donner d'explications.
Alors, certes, on admirera l'audace et la performance de Kerry Fox (prix d'interprétation féminine à Berlin), qu'on avait d'ailleurs déjà appréciée dans « Un ange à ma table », de Jane Campion, en 1990, comme celle de Mark Rylance, actuel directeur du Shakespeare's Globe Theatre. Tout en restant perplexe quant à la nécessité de ces longues scènes d'étreintes, même pour interroger la notion d'intimité. Pour le spectateur, la claustrophobie n'est pas loin, le besoin de respirer. C'était peut-être le but recherché.
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