Si « Le Généraliste » était paru en 1910

Les effets salutaires de la peur sur une femme souffrant d’une descente de matrice

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Publié le 29/08/2017
histoire

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Dans ses Mélanges de chirurgie, le célèbre lithotomiste lorrain, Nicolas Saucerotte, qui fut, en 1794, chirurgien en chef de l’armée de Sambre-et-Meuse, raconte qu’une grande frayeur produit quelquefois des effets très salutaires, comme l’indique le fait suivant.

« Une femme souffrait, depuis plus de dix-huit mois, d’une descente de matrice. Tout avait été employé sans succès. On désespérait de la guérison, lorsqu’un innocent stratagème la procura. On prit une souris que l’on lia par la patte et on la fit courir sous les jupes de la malade sans qu’elle soupçonnât rien. Elle fut si frappée de sentir cet animal lui grimper aux jambes qu’elle en sauta, comme transportée, par la chambre. Par ces mouvements inopinés, imprimés subitement, et par le trouble qu’ils excitèrent, la matrice reprit sa place et cette femme guérit. »

Ne sait-on pas qu’une violente frayeur donne des ailes aux traînards, rend l’usage de la parole à de muets, et celui des membres à des paralytiques ? Hérodote ne raconte-t-il pas que le fils de Crésus, qui était muet, recouvra la voix un jour qu’il vit un Persan s’élancer sur son père la dague nue : « Arrête, soldat, ne tue point Crésus ! », s’écria-t-il, et, depuis ce moment, il parla !

Valleriola cite également l’histoire d’un vieux paralytique qui, entouré par les flammes, fit un suprême effort pour se lever et fuir de sa chambre embrasée. Il recouvra ainsi le mouvement « dont il eut l’agrément de jouir pendant le reste de sa vie ».

Et le bon Saucerotte ajoute avec candeur : « C’est à un chirurgien intelligent à apprécier les circonstances où il peut, sans danger, mettre en jeu cette affection de l’âme ».

(Dr Bonnette [Toul], Chronique médicale, 1911)


Source : lequotidiendumedecin.fr