De notre correspondant
A NCIEN directeur de l'Institut de pharmacologie de la faculté de médecine de Strasbourg et ancien chef du service des maladies cardio-vasculaires des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, le Pr Schwartz a centré son ouvrage sur l'histoire des maladies infectieuses, de la peste au prion, et sur celles des maladies cardio-vasculaires et du cancer. De Harvey aux greffes, de la théorie cellulaire aux thérapies géniques, l'ouvrage rappelle le cheminement des découvertes et des progrès, parfois fortuits ou inattendus, tout au long d'une route balisée de traits de génie et de méthodes nouvelles, mais aussi d'errements et de certitudes vite périmées.
Des responsabilités accrues
Si le Pr Schwartz se défend d'avoir rédigé un « manuel », son travail se distingue par son esprit de synthèse, qui en facilite la consultation, et se complète d'une réflexion sur l'évolution de la médecine, laquelle dépasse le seul cadre de la narration. Dépositaires d'un savoir qui n'a jamais été aussi étendu, les médecins d'aujourd'hui constatent que leurs responsabilités s'accroissent à cause de l'ampleur de ce même savoir : le besoin d'éthique n'a jamais été aussi grand, de même que la nécessité de trier l'information, de soigner au meilleur coût ou de ne pas tomber dans les pièges de l'illusion ou du spectaculaire.
A côté de l'histoire des traitements, des médicaments et de leurs perspectives, le Pr Schwartz retrace l'évolution des soins et des prises en charge, en évoquant le regard porté par la société sur les malades. Il rappelle que le premier hôpital exclusivement destiné aux cancéreux fut ouvert à Reims en 1740 par le chanoine Jean Godinot, mais que la population, affolée par la peur de la contagion, exigea pendant des années le transfert de cette institution hors des murs de la ville.
Préférant les faits et les données éprouvées aux suppositions ou aux extrapolations, le Pr Schwartz ponctue son ouvrage de quelques flèches envoyées aux certitudes de notre monde contemporain, à l'image de son regard sur la santé publique : « Une politique de santé judicieuse ne devrait pas lancer des opérations à grand spectacle sous la seule pression des médias », observe-t-il ainsi à propos du désamiantage des écoles... surtout lorsque, dans le même temps, les Français consomment 90 milliards de cigarettes par an, contre 2 milliards en 1900.
Précis et utile, servi par une écriture alerte, cet ouvrage mérite d'être, à l'image des abrégés thérapeutiques, un « compagnon » du médecin qui éclairera sa pratique, en l'invitant à observer son geste, mais aussi à mieux le comprendre.
* Presses universitaires de Strasbourg, 310 pages, 120 F.
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