Réforme du troisième cycle

Les enseignants de pneumologie en alerte

Publié le 31/03/2014
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Les enseignants de pneumologie suivent actuellement avec un grand intérêt les propositions de restructuration du troisième cycle des études médicales. « C’est normal car il en va de l’avenir de notre spécialité, notamment pour la poursuite de l’activité de la cancérologie et de la réanimation », explique le Pr Luc Thiberville (CHU Rouen), président du Collège des enseignants de pneumologie (CEP).

Cette réforme du troisième cycle devrait s’appuyer sur les propositions formulées dans un rapport des Prs François Couraud et François-René Pruvot. Ce rapport préconise tout d’abord la transformation des Diplômes d’études spécialisées complémentaires (DESC) de type I en Formations spécialisées transversales (FST). « C’est un sujet d’une grande importance pour nous, notamment pour le DESC de cancérologie qui, faut-il le rappeler, permet aux pneumologues l’exercice de l’oncologie thoracique et notamment les primoprescriptions de thérapeutiques anticancéreuses (lire aussi page précédente). Nous sommes plutôt favorables à cette transformation, à la condition que la durée des études soit suffisante pour valider ces FST, en particulier en termes de période de mise en responsabilité, que ce soit pour la cancérologie, l’allergologie-immunologie clinique, l’addictologie ou l’infectiologie. Celle-ci ne pourra en particulier pas être intégrée dans les quatre années de formation actuelle », souligne le Pr Thiberville.

Le président du CEP espère que cette réforme permettra de délivrer une « formation au moins équivalente, sinon meilleure » aux pneumologues désireux de s’engager dans une surspécialité. « Il sera nécessaire que ces FST puissent fonctionner dans le cadre d’une coordination étroite entre les différents acteurs, par exemple entre la cancérologie et la pneumologie, et soient déclinées en tant qu’options de la spécialité pneumologique. Il faudra également que l’on propose aux étudiants les stages de formation adéquats, par exemple en cancérologie, ce qui n’est pas toujours aisé aujourd’hui », souligne le Pr Thiberville.

Réanimation.

L’autre grande proposition de réforme est la suppression du DESC de type II, et en particulier celui de réanimation. « Là encore, c’est un sujet qui nous intéresse de près. En effet, une proportion non négligeable des étudiants, issus de la filière pneumologique, s’oriente vers le DESC de réanimation. Une partie d’entre eux va ensuite exercer dans des services de réanimation médicale, où leur apport est largement reconnu. Mais une grande partie de ces pneumologues exercera dans des unités de soins intensifs respiratoires, parties intégrantes de nombreux services de pneumologie, qui assurent la prise en charge de patients monodéfaillants », explique le Pr Thiberville, qui est donc très attentif à ce qui va être mis en place pour remplacer le DESC II de réanimation.

« Plusieurs options sont actuellement à l’étude. Celle qui nous convient le plus comporte deux volets : d’une part la création d’un DES de réanimation, souhaité par les réanimateurs, à condition qu’il comporte une formation de plusieurs semestres en service de pneumologie pour une partie des jeunes médecins entrant dans cette filière, et d’autre part la création d’une FST de soins intensifs respiratoires – ou d’une option soins intensifs respiratoire – au sein de la spécialité de pneumologie. Cette FST serait conçue et coordonnée à la fois par les réanimateurs et les pneumologues. Cette solution permettra de continuer à former les médecins ayant les connaissances en pneumologie indispensables au bon fonctionnement des services de réanimation médicale, mais également les pneumologues nécessaires à celui des unités de soins intensifs respiratoires », estime le Pr Thiberville.

D’après un entretien avec le Pr Luc Thiberville, président du Collège des enseignants de pneumologie (CEP), chef de service de la clinique pneumologique du CHU de Rouen.

Antoine Dalat

Source : Bilan spécialistes