Parvenu au château des Bardes, dans le Nivernais, après un voyage assez dur, l’abbé de Chaulieu énuméra ainsi à une de ses amies les plaisirs qu’il goûte dans cette « terre de promission ». Oyez plutôt :
« On y mange quatre fois par jour, on y dort vingt heures, et il n’y a point de lit que le sommeil n’ait fait de ses propres mains. Que je vous ai souhaitée pour satisfaire votre rage des chaises percées ! Chaque chambre a la sienne, de velours avec des crépines, et un bassin de porcelaine, et son guéridon pour lire. Le marquis de Béthune a fait apporter la sienne auprès de la mienne, et nous passons les jours dans ce lieu de délices. Il n’y a point un constipé à qui une chaise comme cela ne donnât la diarrhée, et dût le Rolet, ennemi déclaré de la chaise percée, et que j’ai entendu une fois appuyer son opinion d’une dispute fort aigre contre nous, en enrager, j’en aurai une dès que je serai de retour. Je ne sache que Montaigne et moi qui ayons traité le chapitre d’une chaise percée aussi longtemps. Mais, de bonne foi, la force de la vérité m’emporte ! » (Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, publiées par le marquis de Bérenger, p. 139, Paris, 1850).
Voilà-t-il pas une preuve de plus que, si le règne du Grand Roi, ne fut pas celui de la liberté de conscience, il fut au moins celui de la liberté du ventre ?
(Dr Jakobus, « La Chronique médicale », 1900)
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