Clairement, l’État prône le partenariat public-privé dans le monde de la télémédecine. Historie de tirer les leçons des erreurs du passé ? Pas forcément. La raison est plutôt économique. Les caisses étant vides, il faut bien trouver des bailleurs de fonds et des porteurs de risques. Ils sont industriels et formalisent déjà leurs offres. Celles-ci devront composer parfois avec certaines solutions développées en spécifique. Mais globalement, les standards du marché tiennent la corde. Car souvent les établissements ne peuvent faire autrement. Comment développer un capteur en spécifique ou mettre en place un outil de téléprésence propriétaire ? Difficile, voire inimaginable. En revanche, les applications de gestion de télémédecine, sortes de dossiers patients, peuvent être conçues en interne. Là également, difficile de les interfacer avec les composants d’infrastructure du marché.
Définir le modèle économique
Pour encourager l’émergence d’une industrie de la télésanté, le comité stratégique de filière « Industrie de santé » a vu le jour. Il est composé de 14 membres, issus du privé et du public. Les acteurs du secteur des technologies de l’information et de la communication auront voix au chapitre à travers la Fédération des industries électriques, électroniques et de communication (FIEEC) et le syndicat Syntec numérique. I-Care Cluster participera également à ces travaux. Tout comme l’opérateur France Télécoms. Première mission : définir le modèle économique.
En attendant, les industriels se bousculent au portillon. Cisco propose sa solution de téléprésence déjà référencée à l’AP-HP (cf. reportage exemples français). Des acteurs interviennent également sur le terrain de la vidéoconférence HD comme LifeSize. Quant à Philips Healthcare, il vient de présenter son offre de services et de produits. Au cœur de ce package, l’Intellispace Portal. Il s’agit d’un serveur sécurisé permettant des accès distants et simultanés aux logiciels d’imagerie médicale et de posttraitement. Il facilite les actes de téléexpertise et de téléassistance. Cette solution est testée en France depuis le début de l’année 2011. Autre composant du constructeur, Encore Anywhere, un système prévu pour améliorer la prise en charge des troubles respiratoires du sommeil. D’autres produits sont en cours de développement : MyHeart, capteurs physiologiques intégrés au lit du patient ; AutoAlert, un avertisseur permettant d’émettre une alarme en cas de chute d’une personne surveillée. Enfin, Motiva qui s’occupe du suivi médical à distance et le système Lifeline, sorte d’alerte médicale par téléphone, font actuellement l’objet d’expérimentations.
Partager l’information au bénéfice du patient
De son côté, IBM propose également une technologie de portail déjà référencée par exemple au Danemark. En France, « Nous prévoyons d’installer un centre d’excellence mondial sur la santé à la Gaude, près de Nice. Plus généralement, pour nous l’e-santé doit permettre de produire et de rendre disponible une multitude d’informations, de la partager entre les différents acteurs, patients et prestataires de soins. Et surtout d’en faire un usage au bénéfice du patient, en curatif et idéalement en préventif », explique Pascal Sempé, Business Development Executive, Life Sciences & Healthcare, IBM France.
D’autres fournisseurs interviennent sur ce marché comme Etiam. Ce dernier propose sa solution Secure Medical Network. Elle a été retenue par exemple par RETI-Ouest, réseau dédié à l’amélioration de la prise en charge des traumatisés crâniens et rachidiens hospitalisés dans les hôpitaux généraux grâce à un avis médical spécialisé, émis par exemple par le service de neurotraumatologie du CHU de Nantes ou par le service de neurochirurgie du CHU d’Angers. Quant à Expertise Radiologie, il joue sur le terrain de l’imagerie. Et propose par exemple la plate-forme Web RCP pour des réunions de concertation pluridisciplinaires. D’autres acteurs viennent compléter cette liste, parmi lesquels Orange ou encore Voluntis.
Pour une fois, l’offre matérielle et les services associés semblent être en avance de phase dans le domaine de la santé. Cette situation devrait permettre à la télémédecine de prendre son envol. En fait, elle est condamnée à réussir en France.
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