P OURQUOI Jacques Chirac était-il hostile à l'inversion du calendrier électoral de 2002 qui vient d'être voté par l'Assemblée ? Si la droite avait perdu les élections législatives avant la présidentielle, il se serait trouvé automatiquement en très mauvaise position et l'opposition aurait peut-être souhaité être conduite par un autre candidat.
Pourquoi Lionel Jospin était-il favorable à l'inversion ? Rien ne lui permet de penser que la gauche aurait perdu les législatives assurément. On doit donc admettre que les arguments de l'un et l'autre (ne pas manipuler la Constitution, éviter une nouvelle cohabitation) étaient sincères. Le Premier ministre ne sera pas épargné à la présidentielle si les divisions de la gauche s'aggravent et si la surenchère de l'extrême-gauche provoque un éclatement de la majorité plurielle.
Pour le moment, les sondages lui accordent quatre points de plus qu'à M. Chirac (52 % contre 48 %). Le président de la République ne peut rattraper son retard qu'en continuant de se servir de la cohabitation pour déstabiliser le chef du gouvernement. Il le fait à merveille, sinon avec scrupules, et avec une patience, une endurance et un machiavélisme dignes de François Mitterrand.
Au fond, inversion ou non, la présidentielle se joue essentiellement sur la personnalité du candidat. Après, on imagine que le peuple donnera au président la majorité parlementaire dont il a besoin. C'est ce que Mitterrand a fait en 1988, en dissolvant l'Assemblée, malgré des appels, notamment en provenance de Jacques Chaban-Delmas, qui le pressait de n'en rien faire.
Bien que les Français s'accommodent des cohabitations, on espère qu'elle sera évitée l'année prochaine. L'inversion du calendrier électoral va dans le sens de l'homogénéité de l'exécutif.
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