Bien que le CMAACPS, instauré en août 2016, concerne tous les aspirants sportifs, quel que soit leur âge, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a publié une série de recommandations spécifiques pour les enfants « en période d’essor de croissance » en septembre 2017.
« L’idée de la direction du sport était de simplifier la délivrance de ce certificat pour inciter la population à faire du sport », précise le Dr Marie Devernay, pédiatre, responsable de l’unité de médecine pour adolescents à l’Hôpital Armand Trousseau de l’AP-HP, à Paris, et membre du groupe de travail qui a rédigé les recommandations du HCSP. « Mais les médecins ont estimé qu’il était important de réfléchir à un outil plus adapté aux enfants et aux adolescents, qui aborde la santé de façon plus globale », ajoute-t-elle. Le CMAACPS, désormais triennal et complété par un auto-questionnaire à renseigner par le sportif entre chaque renouvellement, ne prend en effet pas en compte les problématiques spécifiques liées à la croissance et au développement psychique de l’enfant, « notamment à partir de l’âge de 11-12 ans », souligne la spécialiste.
Renouvellement tous les deux ans
Le HCSP recommande que le CMAACPS soit « établi à l’occasion des examens systématiques de l’enfant », lors d’une consultation de prévention et renouvelé au minimum tous les deux ans à l’adolescence. « Cela permet notamment de dépister une scoliose, des douleurs articulaires, des problèmes de surpoids ainsi que des troubles du comportement alimentaire ou des pubertés retardées parfois associées à la pratique intensive d’un sport », précise le Dr Devernay. Et de s'assurer que le sport reste un loisir et ne soit pas source de stress, de troubles du sommeil voire de conduites addictives du fait d’objectifs de compétition excessifs instaurés par les parents ou l’entraîneur. « Lorsque des parents voudront à tout prix mettre en avant la réussite sportive, le médecin sera là pour alerter sur une éventuelle dégradation de la santé de l’enfant et rappeler que c’est d’abord cette santé qui prime », ajoute la pédiatre.
Auto-questionnaire annuel
Quant à l’auto-questionnaire, le HCSP souhaite le rendre annuel et mieux adapté aux jeunes sportifs. Alors que le questionnaire actuel est principalement centré sur les risques cardio-vasculaires, le HCSP propose « un document contenant des questions plus ouvertes, notamment sur le sommeil, l’alimentation ou les difficultés scolaires », précise le Dr Devernay. L’existence d’éventuels problèmes médicaux y est également évoqué : hospitalisations, prise de médicaments, croissance ou prise de poids rapide, palpitations, essoufflement, etc.
Toute réponse positive à une question renvoie le jeune sportif vers son médecin traitant pour le renouvellement de la licence. « Cela implique que tout le monde joue le jeu », insiste la pédiatre, consciente du fait que ce questionnaire est bien souvent rempli de façon conjointe avec les parents ou l’entraîneur. « Les enfants et les adolescents sont plus vulnérables que leurs aînés, plus influençables et le risque est important de cocher systématiquement « non » aux questions pour pouvoir poursuivre l’activité sportive », précise-t-elle.
Attention aux contraintes physiques
Quant aux contre-indications, elles sont globalement identiques à celles des adultes et fonctions des pathologies (diabète, allergies, asthme, problèmes génétiques, etc.) ou handicaps éventuels. « Une attention particulière doit toutefois être portée aux éventuelles contraintes physiques du sport pratiqué », souligne la pédiatre. Et même si ces recommandations doivent encore être évaluées avant d’être validées par le ministère de la Santé, « les médecins peuvent d’ores et déjà s’en inspirer en consultant l’avis du HCSP », conclut le Dr Devernay.
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